Page 5/8 [ Page précédente ] [ Page suivante ] Mercredi 30 avril : Cette dernière journée à Kyoto démarre par un grand classique : la balade dans la forêt de bambous au Nord-Ouest de la ville. Je commence par prendre une sorte de tramway qui semble sorti du fond des âges, mais c'est bien la ligne Keifuku qui m'amène sans problème à Arashiyama.
Je commence ma visite par le temple de Tenryu-Ji (temple du dragon des cieux), où un immense dragon est peint sur le plafond, alors que des statues de sages semblent presque vivantes dans la pénombre (les statues et leur mise en scène font des temples shintoïstes des lieux assez impressionnants et émouvants). La légende dit que ce temple a été construit suite au rêve fait par un prêtre qu'un dragon sortait de la rivière d'à côté (un peu le monstre du Loch Ness local), signe que l'esprit de l'empereur était perturbé et qu'il fallait l'apaiser en construisant un temple. Je visite le splendide jardin zen qui se trouve à côté avant de m'enfoncer dans la forêt de bambous, pleine… de touristes ! Dont certains viennent en limousine, forçant les piétons à se blottir sur les côtés tant l'espace est restreint. Je visite la villa d'Okochi-Sanso, maison d'Okochi-Danito, fameux acteur de films de samouraïs, qui avait les moyens de s'offrir une bien belle villa, aux jardins magnifiques, alternant passages en sous-bois, merveilleuses petites aires de repos et points de vues tranquilles sur les collines d'en face. Splendide ! La visite se termine par un thé matcha avec une étrange friandise : croustillante à l'extérieur (genre papier hostie) et verte et fondante à l'intérieur. Je repars vers de nouveaux temples, non sans un petit arrêt dans une boutique de souvenirs où j'achète une variété d'encens très recherchée : le black agar kyara, fait à partir d'arbres des dieux des montagnes. D'abord Niso-in, magnifique temple dans un décor féérique d'érables aux couleurs variées, puis Gio-Ji, tout petit temple dans un jardin perdu dans la verdure, où se trouve le tombeau d'une courtisane devenue nonne après qu'une autre danseuse lui dérobe le cœur de Taira-Yo-Kiyomori, le chef d'un puissant clan.
Je poursuis mon chemin parmi les charmantes boutiques de souvenirs pour parvenir enfin à la Atago Tori, porte rouge qui marque la fin de la balade. Je retourne sur mes pas et m'arrête dans un restaurant de tofu (très nombreux dans le coin). Le menu est unique. Une charmante dame m'amène du thé, allume un réchaud en face de moi et y dépose un pot en terre cuite avec des cubes de tofu et des herbes. Elle m'amène également un plateau avec du riz au sésame noir, deux étranges sucettes au tofu, deux sortes de sachets qui ressemblent à des cœurs d'artichauts (mais c'est du tofu !), ainsi que des condiments et du gomasio (mélange de sel et de sésame torréfié concassé). Pas mal et original !
Je repars d'un pas décidé vers la station d'Arashiyama, où je me laisse tenter par une glace. La pêche blanche me tente bien, mais je sacrifie ma gourmandise au nom de la science et je choisis la glace au sésame noir (de couleur vaguement bleu-gris). Pas mal, mais bon, si j'avais su, j'aurais pris la pêche blanche.
De retour à l'hôtel, je me laisse aller à une demi-heure de sieste, avant de repartir pour un petit tour vers Higashiyama. Au menu, le jardin des tortues, encore un agréable jardin autour d'un joli temple, avant de poursuivre ma route et de tomber sur un étrange aqueduc de briques rouges.
Je passe dessous et après quelques pas, je me retrouve quasiment en forêt ! Je croise des groupes d'étudiants qui courent comme des dératés, visiblement menés à la baguette par unprof d'éducation physique qui leur fait monter et descendre la colline jusqu'à ce que les temps soient bons. Je monte à mon rythme, jusqu'au petit tombeau de Nanzen-Ji Oku-no-In, construit à côté d'une petite chute d'eau, champêtre et très tranquille à cette heure avancée de l'après-midi.
Mais les moustiques semblent apprécier ma compagnie, alors je redescends presque aussi vite qu'un étudiant japonais et me réfugie parmi les temples : Kotoku-an et la très grande porte de San-mon servent de cadre aux prises de vues des touristes sous les derniers rais de soleil de l'après-midi. Les temples sont fermés, je reprends ma route vers le métro.
Je ne repasse pas par la case hôtel et je ne gagne pas 20000 yens, raison de plus pour trouver de l'argent : j'essaie en vain de trouver un distributeur parlant anglais, sans grand succès. Je vais donc directement chez Ippo-do, le magasin de thé le plus fameux de Kyoto, où trois employées s'affairent autour de ma commande… Avec le sourire et même un cadeau en plus ! Ah, le service japonais (non, pas le service à thé, je ne saurais vraiment pas comment le ramener).
Il est un lieu (un de plus) qu'on ne peut manquer à Kyoto : le parc impérial (oui, Kyoto fut capitale impériale du Japon à moment donné). Quasi désert (il est 18h30), cet immense parc aux arbres magnifiques me permet de faire une agréable pause devant l'entrée du palais impérial, alors que le jour s'en va doucement. Je finis par quitter le parc par le côté ouest et m'enfoncer dans les petites rues. Je sais en gros où je vais, mais j'apprécie de me perdre ainsi, entre businessmen qui galopent pour rentrer à la maison et étudiantes en uniforme qui discutent. Au détour d'une entrée, j'aperçois une 4L immatriculée 08, mais aussi immatriculée au Japon. Tiens, ça ressemble à une maison d'hôtes française !
Je poursuis et je tombe sur une enseigne qui me parle : " Chou à la crème ". Un spécialiste du chou à, la crème ! Jamais vu ça ailleurs. A 210 yens (1€30) le chou, ça s'essaie : il est excellent. Une fois mon thé déposé à l'hôtel, je repars vers une nouvelle expérience gastronomique : le sukiyaki. Les restaurants qui font du sukiyaki font également du shabu-shabu (fondue japonaise), qu'on se le dise, mais ce soir, c'est le sukiyaki qui m'intéresse. J'ai un peu de mal à trouver le restaurant indiqué par le guide, mais j'y arrive. Une dame m'accueille et m'indique une table. Il n'y a pas foule (lendemain de jour férié oblige) et la dame s'occupe de moi. Le menu en anglais me propose trois sortes de sukiyaki, que je suis bien évidemment totalement incapable de différencier. Je prends le yuki, non parce que c'est le plus cher (8000 yens), mais parce que ça me rappelle une chanson de Gotainer. On choisit comme on peut… Néanmoins, mon choix semble bon : elle m'amène une sorte de grand caquelon qu'elle pose sur le réchaud en face de moi, puis y fait glisser un cube de gras de bœuf qui fond lentement. Elle y plonge maintenant une des trois grandes tranches fines de viande, qui cuit rapidement. En parallèle, elle me demande de casser l'œuf dans une coupelle, ce que je fais. En fait, une fois cuit, tout se trempe dans l'œuf battu avant d'être mangé.
C'est au tour des oignons, du tofu en cubes, des petits cylindres verts de cebette, de nouilles et de petites boules de pâte (comme de la pâte à pain, ça s'appelle wu). C'est délicieux ! Le tout accompagné d'un thé oolong glacé, c'est vraiment très bon. La dame continue à me montrer comment faire, mais peu à peu, je gagne en autonomie ! Le cadre est agréable : je suis tout seul dans le restaurant, dans un cadre très japonais : tatami, murs sobres mais élégants, terrasse ouverte qui donne sur la rivière Kamo-gawa…
Le repas se termine sur une délicieuse note sucrée avec une glace au thé matcha. Et la tenancière m'offre un sachet de bonbons et une carte postale en prime ! Bon, elles n'ont pas eu beaucoup de clients ce soir alors je comprends qu'elles les soignent. Je repars pour une petite balade nocturne : je traverse la rivière et la longe de l'autre côté. Seule chose bizarre : à Kyoto, les cyclistes roulent sur les trottoirs. Ok, ils sont larges (les trottoirs, pas les cyclistes, pas encore vu de sumo à vélo), mais ça fait bizarre, surtout la nuit. Ca donne un petit côté Amsterdam… Une petite heure de marche plus tard, le temps de digérer mon copieux sukiyaki, je rentre à l'hôtel. Demain, j'ai de la route ! [ Page précédente ] [ Page suivante ] |