Cuba 2005 : calor y salsa

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J2 - Mercredi 20 juillet 2005 : PIÑAR DEL RIO

La chaleur moite et le décalage horaire nous réveillent tôt. La douche permet un rafraîchissement des idées immédiat (ni chaude, ni tiède, mais froide), suivi d'un deuxième effet immédiat "rentrée dans un sauna" dès lors que l'on arrête l'eau. C'est ça les tropiques !

Le buffet de l'hôtel propose un certain nombre de victuailles aux saveurs diversement heureuses. Jus de fruit version Tang et café option "jus de chaussette" (ce qui vu l'état dans lequel seront nos chaussettes d'ici quelques jours, ne constitue en rien un compliment). Par contre, des petites viennoiseries et des sablés se laissent consommer avec plaisir. L'appareil à toasts rotatif constitue aussi une expérience nouvelle dans son côté "état socialiste" : pour trois toasts qui rentrent, deux restent à l'intérieur.

Nous profitons de l'heure disponible avant de partir pour une brève balade sur le Malecon. La traversée de la rue s'avère digne d'un jeu vidéo (niveau de difficulté élevé) et nous sommes heureux de finalement regagner la "rive" sans heurts.

Dès 8h30, nous regagnons notre bus en direction de l'Ouest. Nous traversons le quartier des ambassades et des hôtels autrefois sous la coupe de la mafia. Une grande partie des intérêts cubains et 90% des terres appartenaient à des américains, dont beaucoup à la mafia. La révolution de 1959 nationalisa toutes les terres et en répartit l'exploitation sur la population (30 hectares par personne lors de la première réforme agraire, chiffre rabaissé à 10 lors de la seconde réforme en 1965). Les américains, mafieux et autres pontes locaux prirent alors la fuite pour gagner la Floride, où la communauté cubaine (et la mafia) est désormais bien implantée à Miami (d'où des séries policières bien connues).

Rue de la Havane au petit matinPanneaux officiels
Rue de la Havane au petit matinPanneaux officiels

Pour la petite histoire également, la présence de nombreuses voitures américaines des années 40-50 (Buick, Cadillac et autres) date de cette époque où Cuba était une sorte de Las Vegas des Caraïbes, où l'alcool et l'argent coulaient à foison. Après la révolution, les liens avec les Etats-unis furent rompus et l'importation de voitures stoppées. Seule la période de soutien de Cuba par l'ex-URSS alimenta le pays en voitures d'un style... différent. Plus récemment, Peugeot a tenté une offensive cubaine et l'on voit un certain nombre de 206 et 307 flambant neuves, ainsi que quelques Wolkswagen, voire les dernières Audi. A priori, elles appartiennent à des personnalités, pour qui elles sont soit des voitures de fonction, soit des récompenses (Javier Sotomayor, multiple champion olympique, a paraît-il une Mercédès).

Après la traversée de quartiers construits dans le style Art Déco des années 30, nous procédons à un rite qui deviendra quotidien : l'achat de l'eau pour la journée. Nous nous arrêtons dans une station service que nous dévalisons de son stock de bouteilles. Personne n'ayant de monnaie, l'opération prend du temps... J'attends un peu avant de proposer a constitution d'une cagnotte, que chacun constate l'utilité de la chose, sinon ça fait un peu "votre argent m'intéresse" !!!

Piñar del Rio

Après deux bonnes heures de route sur l'artère centrale du pays, une autoroute deux fois deux voies en excellent état, nous arrivons à Piñar del Rio. La région est réputée pour deux choses : ses plantations de tabac et ses habitants, qui sont un peu les "belges" locaux et sont au coeur de toutes les histoires stupides du genre. On est toujours le "belge" de quelqu'un, de toute façon.

Le tabac fut apporté depuis les îles Canaries et les premiers cultivateurs constatèrent très rapidement l'immense intérêt du climat et du sol pour cette culture. Le tabac est cultivé partout dans la région, même si l'on croise çà et là d'autres types de cultures, notamment celle du maïs, qui permet de régénérer les sols entre deux récoltes de tabac.

Nous déambulons quelques instants dans les rues de la ville en attendant le début de la visite d'une fabrique de cigares. Les maisons, plus ou moins délabrées, sont quasiment toutes construites sur le modèle "colonial" : une facade colorée et un porche à colonnes, où trônent un ou deux rocking-chairs. Le toit est parfois fait de tuiles, dont le principe fut apporté par les français.

Piñar del RioPiñar del Rio
Dans les rues de Piñar del Rio

Les photos sont interdites dans la fabrique de cigares Trinidad. Le bâtiment est celui d'une ancienne prison. Dans chaque pièce, quelques dizaines de personnes (essentiellement des femmes) roulent les cigares à la main, à partir de feuilles déjà préparées. Les feuilles du centre ne sont pas les mêmes que celles qui forment le tour du cigare. La scène est assez silencieuse, bercée par le bruits des ventilateurs. Chaque employé réalise ainsi une bonne centaine de cigares par jour et a le droit d'en ramener deux chez lui.

Après les rouleurs, c'est au service qualité d'agir pour rejeter classer les cigares imparfaits, puis aux calibreurs, qui les trient par tailles, avant la mise en boîte faite égalament en fonction de la couleur : les cigares d'une même boîte doivent être homogènes.

Les "cohibas", grands classiques du cigare cubain, doivent leur nom au terme indigène qui désignait la cérémonie où l'on fumait. Les tarifs sont assez élevés et certaines boîtes dépassent joyeusement les centaines de pesos convertibles (équivalents du dollar américain).

Viñales

Nous remontons dans le bus pour atteindre le coeur de la Sierra del Rosario, qui est classée par l'UNESCO comme l'une des 6 réserves Mondiales de la biosphère (deux sur six sont à Cuba). Le point de départ de la balade est une sorte de belvédère, assez touristique, d'où la vue sur les "mogotes", formations rocheuses typiques de la région, est éblouissante.

Vue spectaculaire sur les Mogotes
Vue spectaculaire sur les Mogotes

Accompagnés par Manolo, guide local rigolard et sympathique aux allures de marin breton (Cuba est le pays des mélanges ethniques et un certain nombre de cubaines et cubains ont les yeux bleus), nous consommons quelques petits biscuits pour prendre des forces, puis descendons à travers champ, laissant derrière nous les cars de touristes. C'est ça l'UCPA... et heureusement !

La région de Piñar del Rio tire son nom de la présence de nombreux pins, dont on utilise la résine pour faire de la térébenthyne et d'autres produits. Ainsi, Manolo nous montre la manière d'entailler l'écorce d'un pin pour en récolter la sève. Nous croisons également d'autre cultures, comme le taro, tubercule dont on fait des chips qui ressemblent beaucoup à celles de pomme de terre. Non, pas de champ de belote aux alentours...

Provisions pour la routeRécolte de la résine
Provisions pour la route...
Marie-Do, Nicolas, Carole et Pascale
prennent des forces !
Récolte de la résine
Champ de taroFeuilles de tabac
Champ de taroFeuilles de tabac

Nous évoluons dans des paysages vraiment superbes, découvrant au passage les différents "symboles nationaux", tels le palmier royal, endémique à Cuba, la très jolie fleur papillon blanche, l'oiseau tocororo (dont nous n'aurons droit qu'au chant), dont les couleurs sont celles du drapeau cubain : blanc, rouge et bleu (tiens, ça me rappelle quelque chose...). Roberto nous montre aussi une très jolie fleur blanche et violette au surnom évocateur, lié à sa forme. Je vous laisse trouver... Attention, c'est muy caliente ! ;-)

MogotesPetite maison typique
Les mogotes... Magnifiques !!!Petite maison typique,
avec son incontournable rocking-chair
Fleur typiqueMogote
Fleur typique au surnom évocateur...Mogote de taille respectable

Nous nous arrêtons pour manger dans un petit restaurant où l'on nous sert du poulet grillé et des légumes, ainsi qu'un dessert asssez étonnant : des tranches de fromage recouvertes... de confiture de mangue. Pas mauvais, juste étonnant. Nous en profitons pour adopter le principe de la cagnotte, qui simplifiera bien les choses.

L'orchestre qui accompagne notre repas fait dans le classique : Guantanamera, Comandante Che Guevara, mais nous gratifie également d'une adaptation du standard du Mento (ancêtre du reggae) "Wheel and turn". Comme quoi, les musiques des Caraïbes ont des racines communes bien solides.

Après une petite pause au son du reggaeton provenant du bâtiment à côté (c'est la musique top-tendance à Cuba, notamment auprès des jeunes), nous nous tartinons de crème et repartons sous un soleil de plomb. Le chemin nous amène dans un petit pâté de maisons où l'on nous propose quelques ananas, mangues et eau de coco pour quelques pesos. Très très bon !!! D'autant qu'il fait très très chaud.

Modèle rustique de rocking chairPause-coco
Modèle rustique de rocking chairPause-coco

Nous repartons pour découvrir des formations rocheuses surprenantes nées de l'érosion. En fait, il s'agit exactement du même phénomène que les Tsingys de Madagascar, à une échelle certes beaucoup plus petite, mais identique dans sa forme : une roche découpée en pointes et aux allures d'éponge percée de petits trous. C'est le paradis des lézards !

Formations rocheusesFier habitant des lieux
Formations rocheusesFier habitant des lieux
Salle à manger pour moustiquesIn ze grotte
Salle à manger pour moustiquesIn ze grotte...
Mais quel est cette étrange lueur verte ???

Nous visitons une grotte qui doit avoir ses trois étoiles au guide rouge du moustique gourmand, puis redescendons sous la lumière irisée de la fin d'après-midi, rêvant de douche fraîche et de piscine. Nous parvenons finalement à une petite maison où nous attendent de grands plateaux de fruits découpés : mangues juteuses, ananas parfumés, bananes goûtues comme jamais et surtout... plusieurs litres d'un fabuleux jus de pamplemousse rose. Nous rassasions notre soif de fraîcheur avec avidité.

Ca fait du bien d'arriver !!!Aaahhhhh, ça va mieux...
Ca fait du bien d'arriver !!!Aaahhhhh, ça va mieux...

Mais ça n'est pas fini : on nous invite à pénétrer dans une petite cahute où l'on fait sécher les feuilles de tabac. Le maître des lieux, dans un style très cubain-comme-sur-les-images, nous fait une démonstration du roulage de cigares et pose devant les flashs qui crépitent. Il nous donne même quelques cigares en partant.

La matière première, ch'est 'achement important !Scritch, scritch...
La matière première, ch'est 'achement important !Scritch, scritch...
Roule ma poule !Allez, on s'en allume un p'tit...
Roule ma poule !Allez, on ch'en allume un p'tit...

Nous remontons dans notre bus-frigo, partagés entre le bien-être apporté par tant de fraîcheur et la peur de la pneumonie, puis roulons jusqu'à notre hôtel, qui se nomme "La ermita". Une douche express, et nous voilà tous à patauger avec bonheur dans la piscine à 30°C, d'où nous avons une vue magnifique sur le paysage, alors que le soleil descend lentement sur l'horizon. C'est les vacances. On est bien.

Pour le dîner, nous avons le choix entre poulet, porc ou poisson, non sans avoir eu la sempiternelle macédoine de légumes en entrée (haricots verts, carottes, parfois chou râpé et betteraves). Un riz au lait à la cannelle complète agréablement le repas.

C'est l'occasion de mieux se découvrir les uns les autres. Les petites phrases de Fabienne resteront dans les mémoires, notamment "J'ai une feuille de menthe coincée dans la pa-paille", qui serait un peu trop long à expliquer ici. Le repas est accompagné par un pianiste dépressif qui joue mal, sur un piano faux. Nous applaudissons au départ par pure politesse, puis plus du tout, ce qui a pour effet de le rendre encore plus déprimé... Au point de nous jouer du Clayderman version ralentie.

Barbotage dans la piscine...Retour à l'hôtel sous la luna llena...
Barbotage dans la piscine...Retour à l'hôtel sous la luna llena...

Nous décidons de sortir en ville. Tomas, notre chauffeur, nous amène dans un Viñales très sombre, coupure de courant intempestive oblige, pour nous laisser devant le seul établissement qui dispose d'un générateur. Voulant bien faire, je décide d'aller commander 16 mojitos au bar. L'air désespéré du barman aurait dû me mettre en garde... Il lui faut bien un quart d'heure pour tout préparer. S'ensuit un dangereux numéro d'équilibriste, consistant à placer 16 verres de mojito sur un plateau qui n'en contient a priori que 14 et le faire amener par un serveur bougon au milieu d'un groupe de gens debout et introuvables dans un premier temps. Résultat : désespoir du serveur et massacre sur le plateau, où les verres se renversent les uns après les autres... Nous arrivons quand même à en sauver la plupart.

Mais le vrai spectacle est au centre de la piste, où la salsa enflamme les corps. La blondeur de Carine agit rapidement et elle se retrouve très vite invitée à danser par un cubain. Puis Nicolas se lance et entraîne Marina dans une salsa fort élégante. Les salseros béotiens que nous sommes n'osent d'abord se lancer et sirotent leurs mojitos, admiratifs du spectacle.

L'épisode salsa est interrompu par quelques petits spectacles : boy's band, Michael Jackson ou chorégraphie de jeunes femmes (au déhanchement très prometteur !!!), avant de reprendre de plus belle.

Vers minuit, nous finissons par prendre le chemin de la sortie, guettant les nombreux taxis qui devaient être là d'après Roberto. Mais pas plus de taxis dans la rue que de vodka dans un mojito. C'est donc dans le plus pur style UCPA (i.e. en marchant) que nous rentrons à l'hôtel, escortés par trois chiens errants. Mais qui donc les attire ? Les premiers soupçons se portent sur Emilie... Une affaire à suivre !

Un dernier mojito...Souriez, le p'tit tocororo va sortir !!
Un dernier mojito...Souriez, le p'tit tocororo va sortir !!

Un dernier mojito au bar de l'hôtel juste avant la fermeture (à 1h) pour les cinq derniers assoiffés... et au lit !

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