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Semaine II : Entre Jura et jurassique (Nouvelle-Zélande)
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Mercredi 28 octobre
Quel mercredi 28 octobre ? La " date line " l’a mangé.
Jeudi 29 octobre
Vers 1h du mat heure locale (4h heure californienne, 13h heure française), commence le film X-Files, qui est d’autant plus mystérieux que je somnole en même temps…c’est peut-être pour ça qu’il me semble pas mal.
Il fait 17° à Auckland et c’est sous une pluie battante que je sors de l’aéroport. Pluie qui arrête aussitôt de battre quoi que ce soit dès que je suis à l’abri dans ma voiture et qui devient petit crachin. Pas grave, après les studios Universal, je suis habitué.
Il est sept heures.
J’étais habitué au soleil, aux grandes rues avec des panneaux énormes, à conduire une voiture de dix tonnes toute automatique…et me voilà au volant d’une petite voiture nerveuse avec le volant à droite et le levier de vitesse à gauche, perdu au milieu de petites rues courbes sans aucune autre indication que leur nom. Des directions ? Pour quoi faire ? Voilà ce que c’est de vouloir prendre autre chose que l’autoroute. D’ailleurs il me faut errer une heure et demi –allant d’impasse en impasse sous le regard amusé des écoliers en uniforme- avant de trouver enfin…l’entrée de l’autoroute.
Encore une petite heure et j’arrive à la base de la péninsule du Coromandel, le premier plat de mon festin néo-zélandais. La nationale que j’emprunte ressemble est étroite et longe la côte : c’est magnifique, mais assez dangereux, surtout lorsqu’on a passé la nuit dans un avion… Heureusement, la fréquence des éclaircies augmente, ainsi que celle avec laquelle je m’arrête pour prendre des photos. Si bien que je n’arrive à Coromandel (1500 habitants -en comptant les kiwis, centre touristique de la péninsule du même nom) qu’à midi. Le réflexe habituel : un tour au " Visitor’s center " qui se révèle utile : je trouve un logement dans la foulée : une quinzaine de kilomètres plus loin au nord, dans une petite maison sur une colline, avec vue sue la " Amadeo Bay ".
Driving Creek Railway :
au milieu des fougères...Une fois installé, douché et changé, je mange un morceau en ville (très américano-british : des pommes de terre grillées avec du cheddar fondu, de la salsa, ainsi que de la crème fraîche et de la confiture de fraise, que je mets soigneusement sur le côté. Pas léger, mais pas grave : le resto est sympa, le plat pas cher, le café excellent et la serveuse charmante.
Première visite : le petit train de " Driving creek ", construit initialement par un potier pour ramener de la terre depuis la colline, est désormais associé à un plan de protection de la forêt. En une petite demi-heure, il emmène les touristes qui ont payé les $10 réglementaires en haut de la colline, passant sur des petits ponts, traversant des petits tunnels, ainsi qu’une magnifique forêt néo-zélandaise typique, remplie de fougères arborescentes (ce qui leur donne un aspect très " Jurassic Park ".
Puis c’est l’heure de faire un peu d’exercice : la " Long Beach Bay " permet de se balader dans la forêt voisine et d’observer des " kauris ", de gros et vieux arbres indigènes propres au pays. Visiblement, personne n’a fait la balade depuis l’été dernier. En plus, il a plus durant les trois derniers jours, et la piste est plus liquide qu’autre chose. Je reviens content, mais plutôt sale.
Coromandel Peninsula Dernière étape pour la journée : la " highway 309 ", qui est en fait une route non goudronnée qui traverse la péninsule d’ouest en est. Premier arrêt :une magnifique petite chute d’eau que j’approche de très près en bondissant de rocher en rocher. Bon, d’accord, le terme " marchant " est plus adapté, vu qu’il n’y a là rien de trop sportif. Encore quelques photos, avant de terminer les pellicules en cours un peu plus loin, autour d’un buisson de kauris (le terme " buisson " n’est peut-être pas le plus adapté, vu la taille des troncs !).
Coucher de soleil sur le Coromandel
Je rentre non sans avoir fait quelques pas sur la ravissante plage de la baie d’Oamaru, où le soleil se couche alors que d’étranges petits volatiles à crêtes passent leur temps à attendre qu’une voiture passe pour traverser en masse. Heureusement qu’il n’en passe pas souvent !
La Nouvelle-Zélande, c’est un peu d’Angleterre et un peu d’Australie, un peu Jura et un peu de jurassique.
En tout cas, c’est drôlement joli.
Vendredi 30 octobre
Un bon café et c’est parti pour Whitianga. Le chemin le plus rapide est la " Highway 309 " déjà prise hier après-midi, mais je préfère prendre une route goudronnée pour aller plus vite, ne pas abîmer la voiture et…changer un peu ! Seulement, ce qu’ils ne disent pas dans les guides, c’est le la route du nord, plus longue, n’est pas goudronnée non plus, sauf sur cent mètres de temps à autres, histoire de vous faire croire que les secousses sont finies avant de reprendre de plus belle.
En plein milieu de nulle part, je ramasse un auto-stoppeur tchèque que j’avance de quelques kilomètres. Puis c’est enfin l’arrivée à Whitianga. Première étape : Shakespeare’s lookout, certainement le premier endroit qu’aient vu les anglais en arrivant, vu qu’ils ont abordé juste à côté.
Puis, sous une belle éclaircie, je m’attaque à la balade de Cathedral Cove : trois quarts d’heure à descendre, puis monter, puis descendre, puis monter, puis redescendre (tout ça assez vite, vu qu’il faut arriver avant la marée haute pour y accéder sans trop se mouiller)…pour enfin arriver à une plage blanche déjà magnifique en elle-même, mais le plus beau reste à venir. Sur la gauche, dans la falaise, une grande grotte ouvre le passage vers une autre plage, où se dresse un…morceau de falaise isolé, au milieu de la plage. Haut d’environ dix ou vingt mètres, la base rongée par l’érosion, il se dresse là comme un monument. Pendant ce temps, monsieur et madame canard promènent leur petit tranquillement dans ce sanctuaire de calme et de beauté. Magnifique !
Cathedral Cove Dernière étape dans le quartier : Hot Water Beach : en y creusant un trou dans le sable deux heures après ou avant la marée basse, on obtient son propre " SPA " (bain d’eau thermale, chauffée ici par l’activité volcanique). Mais visiblement, les quelques touristes qui sont là n’ont pas totalement intégré le mode d’emploi et s’obstinent à creuser à marée haute, sans résultat bien sûr ! De toute façon, la plage est très agréable même sans ça.
Puis c’est le moment de quitter les rivages pour se rapprocher des volcans. Deux cent bornes de route à travers les montagnes, puis les vergers (je traverse la principale zone de production de kiwis du pays) avant d’arriver à Rotorua (du Maori " Roto " pour lac et " Rua " pour deux…alors qu’il n’y en a qu’un !). Ce qui frappe dès qu’on s’approche à moins de vingt kilomètres de le " capitale géothermique " de la Nouvelle-Zélande, c’est la forte odeur de soufre. En effet, même en plein centre ville, l’activité souterraine est tellement forte chaque Motel a son " SPA " privé, que chaque bouche d’égout fume comme à New York (mais même le soufre sent meilleur que les égouts de la " Big Apple ").
Le temps d’arriver et de trouver un gîte, il est déjà presque quatre heures. Je regarde la liste des trucs à faire dans le coin : beaucoup de trucs assez loin, et…un jardin d’orchidées. Nickel : ça va me reposer. Effectivement, c’est juste à côté et c’est agréable comme tout. D’autant que j’arrive cinq minutes avant le début du concert de " water organ ", cet appareil qui associe des jeux d’eau à des partitions musicales (par contre, la musique est un enregistrement et c’est un ordinateur qui contrôle tout, mais ce n’est pas bien grave : tant que le résultat est là…). J’ai rarement vu quelque chose d’aussi apaisant. Ce n’est visiblement pas l’avis de la plupart des spectateurs qui s’en vont avant la fin. Aucune poésie !
Un peu de beauté
dans un pays qui
n'en manque pasQuatre heures trente…j’ai une demi-heure pour arriver avant la fermeture de " Hell’s Gate ", mais j’arrive cinq minutes trop tard et les grilles sont fermées. Ca me laisse le temps de faire les magasins, chose dont la ville ne manque pas. Quelques achats plus tard, je m’empresse d’aller prendre un vrai repas dans le resto indien de la ville. Un Chicken Tikka Massala, un nan et deux jus de mangue plus tard, je rentre à mon motel rassasié. J’écris quelques cartes en regardant une série stupide à la télé. Demain, le programme est chargé.
Samedi 31 octobre
A neuf heures tapantes, je suis aux portes de la " grille de l’enfer ". Ce qui me permet d’être le premier à rentrer et de découvrir sans être dérangé, sauf par des paons qui semblent habitués à être nourris et demandent leur pitance avec insistance. Désolé, j’ai autre chose à faire…
Cratère de boue à Hell's Gate Tout bouillonne ici : les mares de boues, les bassins sulfureux, mais aussi le flot de la plus grande cascade d’eau chaude de l’hémisphère sud. Le tout dans un cadre tantôt " jardin tropical " très agréable, tantôt " planète Saturne " tout à fait adapté.
Après une heure dans cet enfer paradisiaque, je descends au sud de la ville pour y visiter " Whakapapa ", autre parc géothermique où -outre les bassins de boue à bulles habituels- l’on peut voir des geysers jaillir de terrasses de silice. Très beau. Sauf qu’il faut attendre un certain temps pour voir le geyser : ça permet de se relaxer en s’asseyant sur des pierres chauffées par ce qu’il y a sous la croûte terrestre (bien mince dans la région !).
Whakapapa : geysers et silice Ah oui, il y a aussi des kiwis. Et des chants maoris, mais c’est cher et je n’ai pas le temps. Plutôt que de les voir en vrai, j’achète une cassette de ce qui passe dans le magasin de souvenirs (c’est assez joli comme musique, et parfaitement relaxant pour la route).
Les sandwiches au cheddar attirent les auto-stoppeuses anglaises : c’est au moment de mon lunch que j’en rencontre deux que j’amène à l’étape suivante rapproche de la vallée volcanique de Waimangu.
Waimangu volcanic valley :
juste...fabuleux !L'oeuvre de l'oxydation
Il y a une heure et demi de marche pour voir toute la vallée et arriver au lac. Dès les premiers pas, c’est l’émerveillement ! Grands cratères fumants, petites chutes d’eau multicolores (à cause des dépôts de silice), nappes et terrasses aux couleurs marbrées dues à l’oxydation et aux micro algues qui y poussent. Avant d’arriver au lac Rotomahana (" lac tiède ") où se trouvait autrefois la " huitième merveille du monde ", les " Pink and White terraces ", détruites par l’éruption du Mont Tarawera en 1886. En tout cas, cette petite vallée est une merveille aussi !
Wai-o-Tapu : Le "bain de champagne"
Mais en termes de merveilles, le site de Wai-o-Tapu (" eaux sacrées ") n’est pas mal non plus, avec ses bassins bouillonnants de toutes sortes, ses grandes terrasses de silice, ses bassins bouillonnants et/ou multicolores (oui, je sais, ça a l’air un peu pareil qu’au précédent, mais en fait, pas du tout !), dont le fameux " bain de champagne " tout fumant, bleu aux bords…orange ! Magnifique.
Wai-o-Tapu : un festival
d'eau et de vapeur...Mais on traîne, on s’émerveille, on prend des kilomètres de pellicule, et on oublie qu’on doit avancer ! Direction Taupo (grande ville du centre de l’île, près du lac Taupo, eh oui ! Ils sont logiques, les gens d’ici.) Mais la destination du jour est plus loin vers le sud : à l’intérieur du parc national de Tongariro. Encore une bonne centaine de kilomètres. Heureusement, la route est bonne et je ne croise que quelques malheureux opossums écrasés ici et là. Petite parenthèse sur le pendant néo-zélandais de nos hérissons : les opossums ont été introduits depuis l’Australie, et sont considérés comme nuisibles pour la faune et la flore indigènes. On tombe donc souvent sur des panneaux " Caution : possum baits " prévenant de la présence de baies empoisonnées pour s’en débarasser. Enfin bon, n’étant pas Rahan, je ne vais pas commencer à cueillir des baies au hasard dans la forêt. Je préfère les cookies au chocolat !
Vers six heures, j’arrive à National Park, petite ville…non, petit village…euh…rassemblement de maisons. Il n’y a ni centre d’information, ni bâtiment ressemblant vraiment à un hôtel. Le bâtiment sur lequel traîne un panneau " Hôtel " est rempli de gens grossièrement maquillés (c’est Halloween ce soir !) et tournant à la bière. Une soirée Halloween avant une journée de montagne…pas bon ! Je ne réfléchis pas longtemps, je fonce vers Whakapapa, qui m’a l’air plus civilisé.
Effectivement, j’y trouve sans problèmes un gîte convenable, bien qu’un peu plus cher. J’y prends aussi un dîner intéressant à base de tagliatelles au bacon et…au curry ! Pas mauvais.
Coucher de soleil sur l'imposante silhouette
des volcans de TongariroJe prends quelques clichés des volcans Tongariro et Ngauruhoe au soleil couchant, et je rentre regarder " L’étrange Noël de Mr Jack " de Tim Burton à la télé. Très bon ! Mais ce n’est pas ça qui m’empêchera de dormir.
Dimanche 1er novembre
Les chutes
de TaranakiAujourd’hui, s’il fait beau, je fais le Tongariro crossing, sinon je prends mon temps et je fais quelque chose de plus petit. Six heures : réveil. Il ne fait pas beau. J’attends neuf heures pour aller au centre d’information où on me conseille les " Tama lakes " qui prend cinq à six heures et part de juste à côté de l’hôtel.
Le centre d’information est remarquablement bien équipé, avec notamment une grande salle de projection où pour deux dollars, on peut voir une présentation audio-visuelle du parc et des son histoire. Avec une dizaines de projecteurs de diapos, plein d’effets de lumières, c’est assez réussi et ça permet de voir des paysages qu’on ne verra pas forcément autrement…surtout avec les nuages qu’il y a !
A neuf heures quarante précises, je m’élance vaillamment sur la piste. Tout d’abord, je longe un cours d’eau nommé Wairere via un chemin forestier. Puis la forêt devient moins dense…jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’arbre du tout. Un grondement s’amplifie : j’arrive aux chutes de Taranaki qui voient les eaux du Wairere tomber de 20m.
Puis commence la partie monter-descendre : il y a plusieurs reliefs à passer avant d’arriver aux lacs. Le terrain est lourd : il me faut souvent faire des bonds de cabri pour ne pas avoir de la boue jusqu’au genoux. Et puis des fois ça marche, des fois ça marche pas ! Au bout du compte, j’ai quand même pas mal de boue un peu partout…
Tout en marchant, je vois la silhouette imposante du Mont Ngauruhoe dont le haut se perd dans les nuages : ça c’est un volcan qui ressemble à un volcan.
A onze heures trente, j’arrive enfin au " Tama lake " inférieur. C’est magnifique : le lac trône dans son cratère tel un lapis-lazuli dans son écrin. Petite pause barre de céréales et c’est reparti : la montée vers le lac supérieur sera une autre paire de manches. C’est tout près, mais il y a cent vingt mètres de dénivelée sur un terrain rocailleux pas très stable. Résultat, j’arrive en haut plutôt essoufflé, pour m’apercevoir que le lac est moins joli que son cousin d’en bas, que la vue est presque totalement bouchée par les nuages et qu’il fait sacrément froid. Heureusement, il y a une sorte d’abri construit à base de pierres qui me permet de déjeuner tranquillement…avant de redescendre sans m’attarder. Pour échapper au vent, je me descend ça quasiment en courant : en plus ça réchauffe !
Lower Tama lake Le reste du retour sera fait quasiment en jogging : ça descend mieux et ça permet de " voler " entre les flaques.
A deux heures dix, je suis revenu. Pas de vues trop fascinantes, mais un bon exercice !
Maintenant, direction Taupo et son lac, que j’atteins vers trois heures trente…le temps d’aller faire un tour aux " Cratères de la lune ", petite zone thermale où tout fume de partout ! Même si je commence à être habitué, c’est quand même pas mal. Par contre, la vallée thermale de Wairakei est plutôt décevante, même si c’était la plus active avant qu’une…centrale géothermique soir construite !
Pour me changer les idées après tous ces phénomènes, je regarde… " Dante’s Peak " à la télé ! Comme ça, j’aurai eu ma dose de volcans.
Lundi 2 novembre
Un petit tour matinal aux impressionnantes Chutes de Huka, non par la hauteur où l’emplacement, mais par la quantité. Le volume d’eau, qui provient ici du lac Taupo, est réglé par les techniciens de la quinzaine de centrales qui se trouvent en aval, de manière à subvenir aux besoins en électricité. Ainsi, plus d’eau passe dans la chute pendant la journée !
Orakei Karako : encore des trous,
encore de la fumée...mais ça reste très beau !Terrasses de silice
Orakei Korako est le dernier site thermal qui manque à mon palmarès. La traversée d’un petit lac en bateau est nécessaire jusqu’à l’entrée de cette " vallée cachée ", comme ils disent sur les grands panneaux qu’on voit sur la route… Cette vallée est réputée pour avoir les plus grandes terrasses de silice depuis la destruction des " Pink and white terraces ". Effectivement, elles sont impressionnantes et se déversent dans le lac après plusieurs passages multicolores et fumants. Autres joyaux de cette très jolie vallée, le " diamond geyser " qui semble sorti d’un conte de fées : une espèce de monticule de silice aux reflets de perle voit de l’eau jaillir régulièrement, qui descend en cascades fumantes tel du champagne sur une montagne de verres (sauf mon Champagne, je le prendrai frais, merci), ou encore la grotte d’Aladin, au fond de laquelle se trouve une petite mare d’eau bleue dans laquelle il faut placer la main gauche et faire un vœu. Non, je ne dirai pas lequel..sinon ça ne marche plus (supersitieux, moi ?).
Fumée sur la terrasse
Après avoir échappé à un méchant radar grâce aux appels de phare bienveillants des gens allant dans l’autre sens (il faut dire que les " zones à radar " sont annoncées par des panneaux et que les " hidden cameras " sont placés dans des breaks de couleur blanche placés stratégiquement et visibles de loin), me voilà parti vers l’est. Je traverse des paysages montagneux et verts qui ne sont pas sans me rappeler le Jura ! D’autant qu’il y a tellement de vaches que dans une pub pour Milka.
Vers une heure, j’arrive à Napier. Un peu d’histoire sur cette ville étonnante…
Début 1931, Napier était une ville qui ne sortait du lot que par son climat particulièrement agréable et ensoleillé, la " Côte d’Azur " néo-zélandaise.
Mais le 18 février, un tremblement de terre de 7 degrés 9 sur l’échelle de Richter démolit la quasi-totalité des bâtiments de la baie de Hawke, les incendies qui s’ensuivirent faisant le reste. Napier et Hastings, ville située à dix kilomètres au sud, n’étaient plus que ruines et cendres…et deux cent cinquante-six personnes avaient péri.
Les choses s’organisèrent très vite. On décida de ne rien bâtir de définitif avant d’avoir mis sur pied un plan global de reconstruction. Les fonds furent rapidement débloqués par le gouvernement et les cinq cabinets d’architectes de la ville travaillèrent en étroite collaboration pour tout refaire dans le style de l’époque. Et ainsi, en deux ans, sortit de terre la première ville entièrement " Art Déco " au monde. Et la seule : la mode " Arts déco " suivit l’exposition de 1925 à Paris, mais les années trente subirent les contrecoups de la crise de 1929 et peu de bâtiments furent construits à l’époque.
Depuis, les constructions sont prévues pour respecter l’harmonie de la ville, ainsi que ses couleurs, toujours dans des tons colorés, vifs ou pastels.
Napier : un bond magique de 70 ans en arrière
Voilà à peu près ce que je savais de Napier en arrivant. Mais entre la description des guides et l’imagination de chacun, la réalité est souvent bien différente de l’image mentale qu’on se fabrique. Or, pour la seconde fois (la première fois, c’était pour New York), j’ai l’impression de rêver tant l’original se révèle conforme à ce que j’avais imaginé.
Les façades, les formes, la promenade le long de la mer, tout y est jusqu’au soleil qui brille généreusement et fait ressortir les couleurs. De plus, les quelques cinquante mille habitants de la ville ne semblent pas s’être donnés rendez-vous dans les rues et l’ambiance oscille entre un décor de ciné et Paris au mois d’août : j’ai l’impression d’avoir la ville pour moi !
Portique vers l'océan Après avoir laissé mes bagages au " Masonic Establishment " (un poil plus cher qu’ailleurs mais en plein centre et c’est l’un des bâtiments les plus représentatifs de la ville), je parcours les rues jouant allégrement de l’appareil photo. J’ai acheté un petit sac que je mets à ma ceinture, qui me permet de changer de pellicule sans avoir à ouvrir mon sac. Diabolique !
Les fontaines, les palmiers dans les calmes rues piétonnes, il y a même une version Maori de la " petite sirène " de Copenhague. L’aquarium de la baie est désert, mis à part trois enfants et un plongeur qui nourrit des requins tellement blasés et amorphes qu’il doit carrément leur mettre la nourriture dans la bouche. D’ailleurs ce n’est pas le seul : l’iguane de l’endroit est tellement affalé sur sa branche qu’on dirait qu’il est en plastique. Quand aux Karatuas, les fameux (comment, vous ne connaissiez pas ?) rescapés de l’époque des dinosaures, ils font plus fossiles que vivants. Bref, je ressors de là avec une certaine envie de faire la sieste, qui ne va pas aller fléchissant avec la visite du musée de Napier : parfait, je profite du documentaire sur le tremblement de terre pour faire un petit somme.
C'est loin, ailleurs... Le soir venu, un petit resto indien s’impose ! Comme j’ai peu mangé le midi, je prends une entrée. Erreur ! L’entrée du jour est un assortiment de spécialités indiennes tellement copieux qu’il m’aurait suffit comme repas. Et je vois arriver la suite avec terreur : c’est énorme…et pas génial, alors j’en laisse les trois quarts.
Quelques cartes postales pour digérer et au lit.
Mardi 3 novembre
Avant de partir vers Wellington, je vais faire un tour au " Te Mata Peak ", vers Hastings, où il y a paraît-il une une " vue à couper le souffle sur la baie de Hawke ". Pour cela, je pénètre dans un parc où je dois zigzaguer pour éviter des oiseaux aux couleurs étonnants, ainsi que tout bêtement pour suivre la route, qui monte à n’en plus finir vers un sommet perdu dans les nuages. Cette montée a un côté magique, par l’impression d’isolation qu’elle donne en grimpant ainsi sans fin, par l’aspect " conte de fées " de la route qui avance vers un sommet hypothétique sans aucune protection latérale avec des ravins abrupts de chaque côté, ainsi que par la douceur du paysage fait de verts pâturages, de nuages et de moutons broutant paisiblement…ou se baladant carrément sur la route !
Je finis quand même par arriver quelque part, mais en fait de vue à couper le souffle, je vois surtout des nuages et deux moutons qui ne peuvent se retenir devant tant d’aventures et d’émotions : quand mouton troublé, lui toujours faire pipi.
Après deux photos sur lesquelles on verra principalement du vert et du blanc, je redescends voir les quelques monuments Art déco de Hastings, mentionnés sur mon guide même si la ville est nettement moins riche que Napier. Tellement moins qu’en fait, je n’aurais même pas dû m’arrêter. Juste une ou deux façades colorées, mais bon, c’est pas pour les 50 cents que j’ai mis dans l’horodateur…
Et me voilà reparti vers Wellington, sous une pluie soutenue, porté par les chants Maoris de la cassette que j’ai achetée à Rotorua. Très joli ! Ca fait un peu Tahiti-il fait beau-on est heureux-tout va bien, mais justement, c’est exactement ce qu’il faut quand il pleut des cordes et qu’on est coincé derrière un camion qui rejette suffisamment de particules polluantes et noirâtres dans l’atmosphère pour faire intervenir Greenpeace. Mais bon, depuis le Rainbow Warrior, il vaut mieux éviter de parler de ça ici quand on est français.
Les kilomètres passent, je traverse des villes aux allures très américaines : une rue principale avec des maisons carrées, puis cinquante kilomètres de collines, puis une autre ville, et toujours aussi peu de panneaux !
La mystérieuse Kapiti Island
En arrivant à la côte ouest, je fais halte sur la plage de Paraparaumu, d’où l’on a une vue splendide sur la " Kapiti Island ", île paradisiaque et réserve ornithologique à l’accès très restreint : il faut s’y prendre six mois à l’avance… Et sa silhouette sombre avec un halo de nuages, séparée de la côte par une mer étrangement bleue.
La plage est encombrée de débris de bois enchevêtrés, habitat favori des katipos, seules araignées venimeuses du pays. J’irais bien y faire un tour pour un dernier scoop photographique, mais il pleut.
Et puis c’est vrai, j’oubliais : j’aime pas les araignées.
Enfin une grande ville ! J’ai un plan très clair, mais j’ai perdu l’habitude d’un certain aspect de la civilisation : les sens interdits. C’est pourquoi je tourne pendant presque une heure autour de mon point de chute avant de trouver une place juste devant et…de m’apercevoir que l’hôtel que je cherche n’existe plus. Re-belote : j’essaie le " Trekker’s hostel " qui s’avère en fait mieux que celui que je cherchais au départ. Bien placé dans Cuba Street, quartier piétonnier plein de restaurants et de bars sympathiques. Néanmoins, je resterai sage. Entre mes comptes à finir, mes papiers à préparer et mes cartes postales à écrire, j’ai largement de quoi occuper ma soirée.
J’ai quand même le temps pour une reconnaissance des lieux : la ville est assez contrastée, entre les grands buildings de la " city " locale et les petites maisons en bois colorées des " terraces ". Comme la ville est coincée entre les collines et le port, une partie des maisons est située à flanc de colline. Entre deux maisons, un escalier s’enfonce au milieu de ces bâtisses colorées. Je l’emprunte et me retrouve au milieu d’un labyrinthe de chemins, escaliers, jolies maisons en bois et végétation plus ou moins luxuriante. C’est peu banal si près du centre-ville d’une capitale ! Après quelques heures de marche, il est temps de rentrer se restaurer : il y a justement un resto qui m’a l’air excellent juste à côté de mon gîte. Et…sapristi quel hasard ! C’est un restaurent indien. Et, cette fois, il est excellent ! Si le fait de manger indien me change peu des soirs précédents, le fait de bien manger idien amùéliore considérablement l’ordinaire. Je pourrai m’endormir l’esprit tranquille : mes papilles sont comblées
Mercredi 4 novembre
Il y a trois choses à faire à Wellington, d’après le Lonely Planet : la première est de prendre le funiculaire qui monte jusqu’au jardin botanique, ce que je fais dès huit heures, la seconde est de visiter ce même jardin botanique, ce que je fais au pas de course, vu que la fabuleuse météo locale ne donne guère envie de flâner… La troisième est la visite du musée national. Le temps de trouver une place, de bloquer le parcmètre où j’ai mis une pièce, de trouver une autre place, me voilà parti à la recherche de…l’entrée du musée. Après avoir traversé une jungle et monté quelques dizaines d’escaliers, j’aperçois enfin l’entrée qui était…juste à côté de l’endroit où est garée ma voiture. Pas grave, je l’ai trouvée. Néanmoins, la porte est fermée. Un peu de recul me permet de voir un panneau indiquant l’ouverture du nouveau musée de l’autre côté de la ville, au bord de la mer. Pas grave, j’y fonce sur le champ.
Effectivement, le nouveau musée est flambant neuf, avec force débauche d’ordinateurs, stands interactifs et effet audio-visuels. De la culture Maori aux dinosaures en passant par les pionniers, on y retrouve les principales composants de l’histoire et la culture néo-zélandaises. Le stand sur la nature et les phénomènes sismiques et volcaniques est particulièrement bien fait : je me la rejoue " Universal studios " en subissant un gros tremblement de terre dans une maison, cette fois. D’ailleurs, j’apprends au passage qu’il n’y en a pas eu moins de quatre pendant ma présence, de magnitudes allant jusqu’à 6 degrés 9 ! Et j’ai rien senti.
De nouveau, me voici dans un avion. Cette fois, il est presque vide : la liaison Wellington-Sydney du mercredi midi ne semble pas attirer les foules. Tant mieux, j’ai de la place pour m’étaler et regarder " Le masque de Zorro ", que j’ai de toute façon déjà vu à Paris. Pas grave, c’est très marrant.
Après les formalités frontalières d’usage, je dois expliquer à une jeune femme de la douane avec un petit chien que s’il a reniflé avec insistance mon sac, ce n’est pas parce que je m’apprête à introduire le phylloxera ou la peste bubonique via des pommes mutantes, mais juste que mon sac a vu passer un certain nombre de sandwiches au cheddar pendant la semaine, chose qui laisse des séquelles même aux bagages les plus résistants.
Cathy et John m’accueillent chaleureusement, dans un Sydney doux et ensoleillé. Seul truc bizarre, ils me demandent si j’ai rencontré Georges Lucas. Quelque peu interloqué, j’apprends que John a eu l’occasion de discuter avec lui le matin même, lors de sa visite dans les studios Fox de Sydney. Les épisodes 2 et 3 de Star Wars vont être tournés là. Marrant !
Un petit en-cas à Bronte Beach sous le soleil couchant, et nous voilà sur le magnifique pont d’Eiffel qui enjambe majestueusement le port pour parvenir à Cremorne Point. Un peu de télé, un peu d’Internet (j’ai quand même tenu une semaine sans !), on va prendre une excellente pizza (Sydney est remplie de très bons restaurants), et au lit. Il est minuit passé…le décalage horaire se fait sentir.
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Remarques et commentaires :