Semaine I : Sea, Water and sun (Californie)

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Lundi 19 octobre

Dur de se lever à 6h30, surtout lorsqu'on s'est couché à 7 h du mat la veille.

Mais l'excitation du départ aidant, aucun problème.

Dix heures d'avion, c'est long. Heureusement, il y a les passionnantes revues mis à ma disposition par British Airways. Je peux passer des heures à regarder les cartes géographiques : tant de noms qui font rêver, tant de pays à visiter... Contrairement à quand je regarde la carte dans ma cuisine, cette fois, je suis en plein dans le trip.

Parmi les grands classiques des lectures d'avions, les " conseils du voyageur ", où il est précisé qu'il est sage de ne pas boire d'alcool et d'éviter les nourritures grasses, si l'on veut voyager plus agréablement et mieux supporter le décalage horaire. Autant dire directement : " faites comme vous voulez, mais si vous voulez être en forme, évitez de toucher à quoi que ce soit dans le plateau-repas ".

Je parviens à m'endormir en plain milieu de l'Arme Fatale 4 : bercé par les explosions et les coups de feu (et fatigué d'essayer de comprendre ce que disent Mel Gibson et Joe Pesci sans sous-titres). Heureusement, je me réveille pour Godzilla : et là je comprends tout ! Surtout qu'il n'y a rien à comprendre.

Los Angeles. Après avoir certifié sur un papier vert qu'on ne venait ni pour trafiquer de la drogue, ni pour faire sauter le Pentagone, ni pour avoir quelque relation que ce soit avec le Président, on fait la queue une demi-heure avant de se retrouver face à un type qui –après s'être soucié de votre santé- vous soumet à un interrogatoire en règle sur vos motivations, votre métier, votre adresse et vos problèmes d'enfance.

Tout a l'air calme ici... Rien à voir avec le stress omniprésent à New-York ! Il fait beau, il y a des palmiers, les gens ont l'air cool. Y compris au centre de location Hertz qui -soit dit en passant- couvre à lui tout seul une superficie plus large que l'aéroport de Quimper.

J'ai déjà tout payé depuis Paris, mais on me propose des petits extras : une Ford Mustang décapotable pour 15 dollars de plus, une grosse berline pour 8, un monospace pour le même prix (très utile quand on voyage seul !), ainsi qu'une demi-douzaine d'assurances complémentaires (choc frontal avec un éléphant, dégâts suite à une avalanche ou une éruption volcanique, enlèvement par des extra-terrestres... ). Sans débourser un cent de plus, me voilà au volant d'une voiture déjà énorme, avec plein de boutons partout (non, la voiture, pas moi... quoique je sais pas si j'ai bien fait de manger la nourriture de l'avion). Et c'est avec Massive Attack à fond, les lunettes de soleil sur le nez et les vitres grandes ouvertes que je descends la Highway 405 vers Costa Mesa. J'ai vite fait de fermer les vitres et de prendre un bonbon à la menthe après avoir ressenti au niveau de la gorge pourquoi on disait que LA était une ville très polluée : en fait, c'est vrai.

Fabrice et Elodie me font visiter leur résidence : en fait, ça ressemble à un club de vacances –avec deux piscines, plusieurs salles de sport, un petit ruisseau qui circule dans les allées verdoyantes entre les bâtiments. Pas étonnant que les gens soient cool dans la région : difficile de stresser lorsqu'on a l'impression d'habiter au Club Med !

Au fil des heures, mon discours de vient moins cohérent, mon regard se trouble et mon esprit ne fonctionne plus que par vagues de moins en moins hautes... normal, il est 21h, donc 6h du mat heure française. Je ne suis plus en état que de faire une chose : dormir.

 

Mardi 20 octobre

3h30. 4h. 5h. Bon, depuis le temps que je ne dors plus, je vais quand même finir par me lever ! Dur le décalage... Pas grave, ça me laisse le temps de compulser les guides pour préparer les jours qui viennent.

A moment donné, je me recouche : mauvaise idée ! Un faux mouvement et... j'ai le cou coincé pour toute la journée. C'est donc en marchant comme un robot que j'accompagne Elodie au " mall ", centre commercial gigantesque où se mêlent magasins de mode, boutiques spécialisées dans tout et (surtout) n'importe quoi et cafés à thème exubérants, comme le " Rainforest Café " avec ses lianes, ses automates, ses chutes d'eau... N'importe quoi ! Mais c'est marrant. Mon incapacité passagère à tourner la tête vers la droite ne m'empêche évidemment pas de dépenser mon argent en t-shirts !

Après un repas dans un autre centre commercial –en plein air cette fois- qui a été bâti en prenant pour modèle... l'Alhambra de Grenade (ils auraient pu prendre pire), l'après-midi commence par une petite baignade dans le piscine (celle qui est chauffée, bien sûr !). 30° dans l'eau, autant dehors, la vie est belle. En plus, il n'y a qu'Elodie et moi dans la piscine : pas de gamins pour nous arroser, pas de plongeur acharné... on nage, on sèche, on nage, on sèche.

Il fait beau.

C'est les vacances.

Encore quelques courses, puis c'est l'heure du jacuzzi : c'est carrément plus dur de rentrer dedans que dans la piscine ! " The chicken is cooking " disent les gens du cru (ou plutôt du cuit, dans ce cas).

Après tout ça, plus quelques médicaments légers -du genre à mentionner sur la notice des effets secondaires allant de l'éruption boutonneuse généralisée aux hallucinations qui vous font voir Godzilla traverser le jardin- un bon repas et au lit. Neuf heures et demi : une demi-heure plus tard que la veille.

 

Mercredi 21 octobre

6h20 ! Les médicaments ont fait leur effet, ainsi que la mélatonine : l'hormone régulatrice du sommeil est en vente ici en comprimés. On ne sait pas trop si il y a accoutumance, mais ça a l'air royal pour les décalages horaires.

Et puis en plus, je peux à nouveau tourner la tête, formidable !

C'est donc presque en forme que je me jette à l'assaut des autoroutes de LA et de leurs bouchons. Au bout d'une heure, ça commence à rouler correctement et d'un coup... la grisaille laisse comme par enchantement place à un soleil radieux. C'était donc le " smog " : ça ressemble à un temps couvert, c'est un temps couvert... mais par un gros nuage de pollution. Et la transition est frappante : en sortant de l'agglomération, le nuage s'arrête net. Vraiment bizarre.

Vers 9h30, me voilà à Palm Springs. Première étape : une visite au " Visitor's center " pour récupérer les infos que j'ai déjà lues dans les guides, mais surtout une carte du coin. C'est carrément grand comme ville !

Mais le plus frappant, c'est l'impression qu'on a de rouler au milieu d'un décor de jeu vidéo : rangées de palmiers bien régulières, décor de montagnes qui défile au loin... Tout est nickel, calibré au millimètre. Les US sont vraiment le pays des clichés, et Palm Springs l'un des plus frappants. J'aurais du prendre la décapotable, finalement, le tableau aurait été parfait.

Living desert
La belle et la bête
Première étape : le " Living Desert ", sorte de petit zoo avec des animaux des déserts américains et africains. Un show très américain avec des oiseaux dressés, des rats et un cerval, sorte de gros chat très gracieux, accompagné d'une dresseuse qui ne l'est pas moins...

Autre truc excellent, ils ont recréé divers zones de déserts avec la végétation correspondante... ce qui donne des résultats assez magnifiques.

Après deux bonnes heures de balade, direction les " Indian's canyons ", du côté d'Agua Caliente, au sud de la ville. " Palm Canyon " est décrit comme la plus grande palmeraie de Californie. C'est très agréable de se balader dans cette oasis de verdure. Fabrice et Elodie m'ont raconté qu'ils y avaient croisé un serpent à sonnette. Peu rassurés, ils l'avaient signalé à quelqu'un en revenant, qui leur avait répondu un truc du genre : " un serpent à sonnette, vous êtes sûrs ? ", avant qu'ils d'aperçoivent qu'il rigolait. En fait, le coin est littéralement infesté de " rattlesnakes ". Mais pour ma part, je n'en ai vu aucun. Juste plein de petits lézards qui détalent à toute vitesse dès que j'arrive.

C'est pas tout ça, mais il fait chaud. Il est temps d'aller prendre le frais grâce au " Tramway " de Palm Springs, qui n'est pas un tramway, mais plutôt un téléphérique. De toute façon, les autochtones n'ont pas l'air trop habitués à ce genre de moyen de transport : chaque passage de pylône est ponctuée de " Aaaahh ! " et de " Ooohhh ! "... S'ils montent sur un télésiège, ils sont bons pour la crise cardiaque.

En haut, il fait 7° Farenheit ou Celsius, je ne sais plus, mais en tout cas, nettement plus frais qu'en bas. Normal, on est à 8516 pieds... soit 2600m. Finis les palmiers, bonjour les pins ! Une petite heure de balade, avec des vues très sympas sur le désert et Palm Springs tout en bas. Et puis il n'y a personne : les gens se limitent à la visite du restaurant et de son balcon. Tant pis pour eux !

Palm Springs
Palm Springs : un vrai décor de jeu vidéo

Rafraîchi mais fatigué, aussitôt ,sorti du tramway, je me mets en quête d'un motel : le " Palm Court Inn " me propose une chambre à $39, près de la piscine, avec plein de place et un grand lit.

Le temps de défaire mes bagages, de nettoyer les affaires qui étaient dans la même poche que la barre chocolatée que j'avais eu la bonne idée d'emmener... tant il est vrai que le chocolat est l'aliment idéal pour le désert... il se fond si bien dans le paysage environnant (en l'occurrence, mon sac).

Une demi-heure de nettoyage plus tard, j'allais déguster un plat mexicain au " Blue Coyote ". Excellent, mais quelque peu bourratif. Une petite marche digestive s'impose dans Palm Springs. Si l'on passe sur le côté " ville pour touristes friqués ", Palm Springs a l'avantage d'être un des rares endroits des US où les gens peuvent se balader à pied, faire du lèche-vitrine (chose qui avec certains individus débouche forcément sur l'achat de t-shirts... on ne se refait pas !).

J'allume la télé en rentrant, mais c'est très énervant de voir des morceaux de film apparaître au milieu des écrans de pub... alors j'arrête et je me couche.

 

Jeudi 22 octobre

Réveillé à 5h30, j'allume la télé pour tomber sur un film en VO française avec Jean Gabin. Ca fait passer le temps en attendant de partir pour le parc national de Joshua Tree.

Joshua tree Joshua tree arch
Les Joshua Trees prennent souvent des formes suprenantes

Twenty-Nine Palms est la ville la plus proche du " Joshua Tree National Monument " et abrite le Visitor's Center du Parc. Comme toujours, les rangers me renseignent très gentiment sur les coins à voir, la durée des balades et les précautions à prendre. Prendre à boire et à manger, principalement.

Un breakfast à base d'oeufs, de patates et de jambon frit fera l'affaire pour la bouffe, et un 1 demi-gallon d'eau (1,9 l) m'évitera de finir en abricot sec.

Comme on est fin octobre, on ne peut pas dire qu'il y ait foule ! Et c'est tant mieux. Le désert perd de son charme quand il ne l'est plus...

Les sentiers de randonnée me permettent de découvrir la végétation su coin, qui ne manque pas de piquant ! Le décor du " High desert ", ou désert Mojave, est constitué principalement de " Joshua trees ", ces cactus à tronc qui semblent descendre d'un croisement bizarre entre le chêne et la brosse à récurer les WC, et de rochers ronds et rouges, en équilibre les uns sur les autres... ce qui n'a pas l'air d'effrayer les minuscules écureuils qui y courent dans tous les sens, et les humains qui y grimpent bardés de cordages.

Autres spécimen fort courants, les lézards : de tailles variées, on en voit partout. Si vous voyez quelque chose bouger, c'est certainement un de ces petits machins argentés qui vous a trouvé louche et a préféré s'enfuir.

Moins courante –heureusement- est la rencontre avec cette bébête qu'on appelle communément tarentule (mais plus généralement encore dénommée " ah, quelle horreur ") ! Ca n'est pas venimeux, mais quand on n'aime pas les araignées, c'est flippant. Bon, ça ne m'a pas empêché de prendre quelques photos... mais par la suite, j'ai hésité un peu plus lorsque j'avais à poser la main sur un quelconque rocher.

Par la suite , j'en ai vu quelques autres traverser la route tranquillement... Voilà ce que c'est d'aller toujours plus au sud.

Un des points forts du parc est un point de vue sur la " Coachella Valley ", la " Salton Sea " et le Mexique au loin. Seul problème, m'avait-on dit, les abeilles. Ca m'avait paru bizarre, mais j'ai vite compris : des dizaines d'abeilles tournent autour du parking et rentrer dans sa voiture sans en embarquer une douzaine au passage relève de l'exploit autant que du coup de chance. J'ai du batailler pendant dix minutes à coups de sweat-shirt et en démarrant la porte ouverte pour arriver à échapper à cette meute d'insectes énervés (mais surtout énervants).

Cholla garden
Le "cholla garden"...
un endroit magique

Ce parc est très intéressant par le fait qu'on y passe du " high desert " au " low desert ", c'est à dire du désert d'altitude avec des gros rochers rouges et des " Joshuas trees " au désert bas avec sable et gravier, ocotillo (grand et long, bardé d'épines) et les très jolis cactus " cholla " avec leur aura d'épines. D'ailleurs un des plus jolis coins du parc est le " Cholla Garden " où on déambule parmi des centaines de ces petits cactus qu'on dirait phosphorescents au soleil.

Un arrêt par ci, une balade par là... il est déjà trois heures. En partant maintenant, j'ai juste le temps d'arriver à Anza Borrego -mon étape suivante- avant la fermeture du " Visitor's center ".

La route qui y mène est magnifique... d'abord des grosses collines rocailleuses, puis un paysage de vergers et de palmeraies le long de la " Salton Sea ", lac créé au début du siècle suite au débordement du Colorado qui envahit l'endroit qui n'était alors qu'un grand creux, et qui est maintenant un lac salé, assez apprécié des autochtones comme lieu de villégiature.

Badlands
Les Badlands d'Anza Borrégo

Puis commence le désert d'Anza Borrégo. D'un intérêt tout particulier pour moi qui ait habité pendant près de quinze ans " rue du Borrégo ". Eh bien, c'est beaucoup plus sec ici. J'arrive par les " badlands ", grande étendue de terrain desséchée et spectaculaire : des collines forment de gigantesques rides dans le terrain, comme si un Godzilla quelconque s'était fait les griffes dessus.

J'arrive à la ville de Borrego Springs (population : 2500 âmes en contant les chiens), où je prends une chambre au " Oasis Motel ". Les motels californiens n'ont pas forcément un charme fou, mais ils sont confortables et en général propres. Je demande à la tenancière où je pourrais aller pour voir le coucher de soleil, et je me retrouve à retourner dans les " Badlands " d'où je viens. Plus précisément sur le chemin d'un endroit nommé " Font's Point " où l'on peut voir une petite colline qui correspond... au soulèvement de la plaque tectonique (la colline prend 10cm par siècle) ! Effectivement, on a l'impression que c'est une pièce de puzzle mal enfoncée. Autre chose curieuse : le principe de la " self-registration ". Comme il ne peut y avoir un ranger à chaque coin intéressant, ils placent un certain nombre de petites enveloppes et une boîte où les déposer avec les $5 du droit d'accès au parc. Etonnant pour un français de voir une telle confiance en l'auto-discipline. Et même le crayon est encore là ! Etonnant.

Pour ma part, je n'ai pas failli à la tradition française : je n'avais pas de monnaie ! Je paierai demain.

Avant une nuit bien méritée, je vais dîner à l'un des trois restos du coin, où règne une délicieuse atmosphère " désertique " : trois pèlerins dînent tranquillement en écoutant la musique d'ambiance (plus soporifique, on fait pas... ) d'un crooner sur le retour dont les paupières semblent se fermer à chaque accord, certainement moins sous le poids de l'émotion que de l'ennui. Néanmoins, les " carnitas " sont excellentes : certainement le meilleur plat mexicain que j'aie jamais mangé aux US. Les apparences sont trompeuses...

 

Vendredi 23 octobre

Le " Visitor's center " n'ouvre qu'à neuf heures, ce qui me laisse trois heures pour me préparer et aller voir le soleil se lever quelque part dans le désert. Je me fais un " café " (ou plutôt la boisson étrange et dénuée de goût qui résulte du passage d'eau chaude dans un sachet bizarre), j'avale deux cookies et me voilà parti pour le sud du parc, à la recherche de la piste des " Elephant Trees ", arbres rarissimes qu'on pensait éteints jusqu'à ce qu'on en retrouve dans le parc.

Mais le soleil se lève déjà, illuminant les nuages de couleurs mauves et jaunes magnifiques. Comme j'ai perdu vingt minutes à essayer de trouver une route qui en fait était une piste (donc pas l'idéal pour un raccourci), je m'arrête un peu n'importe où (mais comme ici, n'importe où, c'est nulle part, ça ne fait pas une grosse différence). Un joli cactus en premier plan, et voilà quelques belles photos en plus !

Je finis quand même par trouver la piste des arbres-éléphants. Au bout d'un quart d'heure de marche au milieu des fourmis, des lézards, et à des kilomètres de toute présence humaine (on ne peut pas dire que le coin soit envahi par les touristes... ), je pense être à mi-chemin de la balade quand... j'arrive au panneau indiquant son commencement. Ah. Dans le guide, ils disent que la balade fait une heure... mais pas qu'il faut une demi-heure pour y aller et en revenir ! Pas grave. Il est tôt, il fait beau, je suis venu voir le désert, c'est le moment.

Anza Borrego
Le désert d'Anza Borrego, tôt le matin
Quelques cactus plus tard, me voici face aux fameux arbres-éléphants... c'est une espèce de petit arbuste plus ou moins rabougri, à l'écorce un peu plissée comme de la peau d'éléphant. Décevant.

Bon, il fait déjà carrément chaud, et le centre ouvre dans une demi-heure. Je reviens à la voiture au pas de course et dépasse allégrement les limites autorisées dans la région. De toute façon, le seul flic du coin doit être encore au lit !

Au centre, on me conseille la " Palm Canyon trail " qui dure deux heures. Je m'engage joyeusement sur le chemin qui mène quelque part dans des collines rocailleuses peu accueillantes. D'autant qu'avant de s'engager sur la piste, on lit plusieurs panneaux réconfortants comme " emportez au moins quatre litres d'eau par personne ", " des gens sont morts en quatre-vingt-dix minutes dans ce désert ". J'ai à peine un litre sur moi, mais faut pas abuser, ça suffira bien pour deux heures. Si les gens se trimballent une citerne sur le dos, pas étonnant qu'ils meurent d'épuisement !

Le chemin est jalonné de bornes permettant d'observer la nature. Il y en a dix-huit sur le petit dépliant décrivant la balade, et au bout d'une demi-heure, je pense être presque arrivé à destination. Mais juste après la dernière borne, une autre signale que la palmeraie –qui est le but final de la balade- est encore à un bon demi-mile. Je remets une couche de crème protection 15 et je continue. Un quart d'heure de grimpette plus tard, j'arrive enfin à l'endroit magique : on a l'impression de se retrouver plongé en pleine forêt tropicale. Il faut se frayer un chemin à travers les feuilles de palmiers, sauter à l'aveuglette sur des rochers instables. Pas trop rassurant de jouer les Indiana Jones lorsqu'on sait le coin pourvu de charmantes tarentules et autres scorpions. Le chemin devient de pire en pire, mais une ouverture sur la droite me permet de... rejoindre le chemin normal, beaucoup plus praticable ! J'ai joué à Tarzan pour rien. Pas grave, ça a rajouté un peu de piment.

Le coin est très sympa, avec une espèce d'étang au milieu de palmiers magnifiques. Mon appareil-photo ne chôme pas. Puis je reprends le chemin du retour, alors que je sens mon visage commencer à chauffer. Vraiment chauffer. J'essaie de faire un peu d'ombre avec ma casquette, mais le soleil tape vraiment, et la crème solaire semble ne pas suffire. Seule solution : rentrer à la voiture avant d'être complètement cuit. J'ai eu une mauvaise expérience avec un coup de soleil il y a quelques années, et je n'ai pas envie d'être mis en quarantaine à la frontière néo-zélandaise parce que je ressemble à Elephant Man !

Alors je fonce. Bondissant de pierre en pierre tel un mouflon (peut-être en un peu moins grâcieux, et un appareil-photo en plus), en un quart d'heure j'arrive à la borne dix-huit. Au passage, je croise un couple de retraités américains qui entament la conversation (" Where ya from ? " " Where in France ? " " Oooh, loovelyyyy ! ") avant de me demander si c'est encore loin. Je leur dis qu'il faut un quart d'heure. Je ne leur dis pas que c'est en courant. Tant pis.

J'arrive enfin à la voiture. Une heure et demi pour aller, une demi-heure pour revenir. Essoufflé et un peu cramé, je mets la clim à fond et je me couvre de Biafine. Maintenant, on rentre.

J'ai choisi les petites routes pour repartir vers l'ouest. Et après un dernier coup d'œil panoramique sur la vallée désertique d'Anza-Borrego, c'est au milieu d'un décor de pins, de lacs et de forêts que je me balade, traversant un petit bled de temps à autres. Le problème est qu'ils n'ont en général pas de station-service... et mon réservoir commence à être sérieusement vide. Je ralentis un peu le rythme, espérant à chaque petite ville voir surgir la pompe salvatrice... mais il faudra attendre d'être arrivé à 30 miles de l'océan pour enfin trouver du ravitaillement, dans la petite ville de Pala Mission. Sauvé !

Une heure et demi d'autoroute plus tard, me voilà enfin revenu à Costa Mesa, où je peux me relaxer.

Le soir, Fabrice et Elodie ont invité Andrew, un néo-zélandais venu en Californie étudier... la littérature française ! Je lui demande des conseils sur ma prochaine étape : les guides donnent plein d'infos, mais pas évident d'avoir vraiment un avis sur ce qu'il vaut mieux voir. Même si le parcours que j'ai envisagé n'est a priori pas trop idiot. La soirée est dure jusqu'à minuit ! C'est bon, je crois que j'ai assimilé le décalage horaire.

 

Samedi 24 octobre

Aujourd'hui, on visite Los Angeles. Un petit tour vers Bel-Air pour commencer. On s'arrête prendre une photo d'une maison assez grande (comme toutes dans le coin), lorsque la voisine d'en face commence à nous parler dans un français quasi-parfait.

" Vous aimez cette maison ? "

" Euh... ben... c'est original "

" Moi je déteste, c'est comme Disneyland "

C'est vrai que c'est le style. Mais de toute façon, c'est un peu le cas pour tout le quartier ! Ne serait-ce qu'à cause du nombre de touristes qui s'y baladent...

On enchaîne sur les palmiers de Beverly Hills, les panneaux gigantesques sur Sunset Boulevard, les étoiles d'Hollywood Boulevard, mais il est midi passé et la faim se fait sentir. A peine arrivé à Santa Monica, on se met en quête d'un restaurant sur la Main Street où règne une cacophonie visuelle et sonore : des clowns aux musiciens en passant par les Hari Krishna, tout le monde chante, gesticule, interpelle les gens qui déambulent, au milieu des stands qui vendent tout et n'importe quoi, des magasins de grands marques, des décors bizarres (ici, des dinosaures à feuilles... ).

Une fois rassasiés et un peu saoulés par cette agitation, direction la plage où les jeunes filles en maillot de bain déambulent en roller... c'est donc vrai ! Le cliché californien n'est pas un mythe.

Une fois revenus à Costa Mesa, Elodie m'accompagne dans les supermarchés : je veux vois Auchan version US ! C'est grand (sauf pour la bouffe ou je crois que la France est imbattable) et c'est pas cher (économie d'échelle oblige). J'achète mes pellicules à 30% du prix français (d'ailleurs j'en prends 20... pour à peine plus de 200 F !).

Par contre, trouver des ingrédients corrects est plus délicat. Au rayon riz, seulement du riz rond ou du riz long. Le basmati, connaissent pas. Si vous voulez du riz cuisiné avec sa viande, sa sauce, à 0% de matière grasse, sans sucres ajoutés et qui protège la couche d'ozone, pas de problème, le rayon est rempli de plats cuisinés. Mais la matière première, on dirait que les gens ne s'en servent pas souvent.

C'est finalement au rayon " épices rares " qu'on trouve du riz basmati. Ouf !

Après un dîner dans un barbecue coréen (il paraît que c'est un must en Asie) où on cuit la viande (carrément épicée !) sur un petit grill -avec libre accès à un salad-bar- nous pénétrons dans un pub irlandais local, en montrant nos " ID " (nos dates de naissance sur nos passeports, des fois qu'on nous prendrait pour des teenagers débauchés). Sciure sur le sol, plein d'objets hétéroclites accrochés au plafond, et... des dizaines de bières à la pression !!! Je choisis une (excellente ) bière au potiron. L'ambiance est assez proche de celle des pubs en Irlande, et la gent féminine y est tout autant séduisante (i.e. pas du tout). Intéressant, néanmoins.

 

Dimanche 25 octobre

On change d’heure ! Et une heure de décalage horaire en plus. Au moins, c’est progressif…

Ce matin, on se la joue sportifs. Trois heures de tennis avec Fabrice pour se prendre une raclée face à deux américains : 6/0-6/4. Et comme j’ai joué avec des chaussures qui n’étaient pas les miennes –trop petites- j’ai mal au pied et j’ai du mal à marcher…

Newport Beach
Fabrice et Elodie devant une
"petite" maison de Newport Beach

Petite balade à Newport l’après-midi : la plage est bordée d’une promenade parfaite pour vélos et rollers. Les maisons qui sont situées sur le bord sont toutes plus jolies et souvent…plus extravagantes ! Du " tout en bois " à la " chapelle bizarroïde ", il y en a pour tous les goûts. Seul dénominateur commun : c’est grand et certainement très cher.

Ce soir, on va fêter Halloween à Knott’s Berry Farm, un des plus gros concurrents de Disneyland, à Anaheim. Fumigènes et acteurs costumés donnent un côté " spooky " aux déambulations entre deux attractions. Ce qui ne nous empêche pas de tester le " Supreme Scream " : une heure d’attente pour plusieurs dizaines de mètres en chute libre avec rebond, assis sur des sièges qui se déplacent le long d’une tour. Flippant !

Je ne les accompagne pas dans les montagnes russes qui s’ensuivent…c’est pas mon truc.

On rentre à une heure, complètement vannés.

 

Lundi 26 octobre

Et re-belote aujourd’hui avec la visite des studios Universal.

C’est tellement gros qu’ils sont indiqués depuis l’autoroute : on rentre alors dans une ville à part entière, totalement dévouée au cinéma et…à la consommation ! Il n’y a pour ainsi dire que des magasins, des restos et des bars.

Requin en plastique
Qui a peur du requin qu'il est méchant, méchant,
méchant, et qu'il est en plastique...

Une fois dans les studios, le rituel tour des studios en " tram " donne un fort sympathique aperçu de la taille des lieux, ainsi que des moyens techniques dont disposent les cinéastes. Après avoir été attaqués par King Kong (dont l’haleine est saturée de banane synthétique), subi un tremblement de terre de degré 8.3 et une inondation dans un village mexicain, la promenade au milieu des décors de films connus et des plateaux de tournage en cours d’utilisation (parmi les tournages en cours, la série " Sliders " et un film nommé " Man on the Moon ") est tranquille. Même si de temps à autres, un bombardement ou une attaque de requins (oh la la, que j’ai peur !) humidifient quelque peu l’atmosphère, ainsi que vos vêtements.

Mais les émotions sont loin d’être terminées… Juste après ceci, je m’embarque pour la " Back to the Future Ride " : une petite balade dans la De Lorean du film montée sur vérins avec écran sphérique : impressionnant ! On vole littéralement à travers la ville, l’espace, puis les dents d’un tyrannosaure affamé. Excellent.

Après ça, direction " Waterworld ". Rien qu’avec le nom, j’aurais du me méfier… J’évite soigneusement de me mettre dans la " soaked zone ", mais au bout de deux minutes de spectacle, une explosion déplace quelques mètres-cubes d’eau…en ma direction. Ca fait beaucoup rire les gens qui sont autour, mais moi, ça me laisse froid. Et humide. Sinon, le spectacle est très bien : cascades, explosions, suspense (enfin bon, pas trop insoutenable non plus).

Dino cracheur
Quand dino pas content, lui
toujours cracher sur touriste

Autre moment fort, la " Jurassic Park ride ". Ca tombe bien, je suis presque sec ! Elodie m’avait conseillé de me méfier. Mais bon, il fait beau et je vais pas mettre 50 cents dans un bout de plastique. Bon, j’avais pas prévu que je me retrouverais devant, ni que lorsqu’on est devant, y’a plein de ploufausores qui vous crachent à la figure. Sans compter le " plongeon " final qui fait à peu près le même effet qu’un toboggan à l’Aquaboulevard… Je ressors tout trempé et dégoulinant, au point que je me prends en photo ! Ca fait encore plus peur que les dinosaures…

Les autres attractions sont un peu plus fades : ça me laisse le temps de sécher !

Encore une journée super-reposante : je m’écroule à dix heures et m’endors en moins de cinq secondes.

 

Mardi 27 octobre

Le dernier jour en Californie : il me faut faire mon sac… mais aussi les magasins ! Jouons les consommateurs une dernière fois avant d’en quitter le royaume. Un petit 501 à 200F, quelques bouquins et un dernier chocolat chaud avec un gâteau bizarre au chocolat (c’est très dense, très nourrissant, ça ressemble à rien, mais c’est plutôt bon). Mais n’oublions pas…une dernière visite à la piscine ! Une heure et demi à barboter (c’est le terme juste : je ne suis pas un as du papillon) et bronzer (Rrrrron…Zzzzzzz).

Puis il me faut partir, non sans un effort colossal pour fermer mon sac qui ne l’est pas moin

En rendant ma voiture à l’aéroport, je m’aperçois que j’ai fait plus de 1600 km, qui m’ont coûté environ…250 F d’essence. Moins cher, on fait pas.

Et c’est ainsi qu’un 747 de Qantas nous emmène paisiblement vers le soleil…couché.

Un peu de Mélatonine et au lit. En plus, ils passent…Godzilla ! Déjà donné, merci.

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Remarques et commentaires :