Page 3/6 [ Sommaire ] [ Page précédente ] [ Page suivante ] J8 - Jeudi 16 août : Roches qui coupent et peluches qui courent
Ce matin, nous faisons le plein d'énergie et absorbons force cake, lait concentré, tartines, confiture d'ananas et autres sources caloriques : nous partons visiter les tsingys du Bemahara, réserve fameuse dans le monde entier et inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. En fait, les tsingys sont des formations rocheuses uniques au monde que m'on ne trouve qu'à Madagascar, en deux situés au Nord et à l'Ouest, ce dernier étant celui où nous nous trouvons. Ce sont le fruit d'une lente érosion d'un sol autrefois recouvert par la mer et résultant de l'amoncellement de déchets organiques, minéraux et végétaux. Par exemple, on y voit de nombreuses ammonites fossilisées dans la roche.
Nos piroguiers nous font traverser la rivière, puis nous gagnons l'entrée du parc où nous attendent les deux guides qui accompagneront nos évolutions tout au long de la journée. Nous commençons par une balade en forêt, où la chance nous sourit rapidement : nous n'avons pas marché un quart d'heure que nous tombons sur un groupe de lémuriens bruns qui nous observent de leurs yeux ronds et orangés.
Nous restons avec eux un bon quart d'heure (et j'y laisse une pellicule entière). Nous marchons encore et arrivons à nos premiers tsingys, ainsi qu'à notre première 'cathédrale de roche' : très impressionnant ! Autre chose impressionnante, la différence de température entre le 'bas' des tsingys, ombré et protégé par la roche, et le 'haut' ensoleillé, qui malgré les quelques mètres qui les séparent est de l'ordre de 15 degrés !!! Il fait frais en bas (15 à 20) et extrêmement chaud en haut (30 à 35).
Nous apercevons de nouveaux lémuriens (les blancs 'sifakas') avant de gagner la seconde cathédrale de roche où nous prenons notre pique-nique : un sandwich achards/fromage bien chargé en gingembre (ça arrache) ! Le dessert est fourni par Serge, qui a plus d'une barre de céréales dans son sac... Nous en profitons pour demander à nos guides si les lémuriens ont été recensés et s'ils ont une idée de la population du parc. Notre guide réfléchit un moment avant de nous répondre : "oui, il y en a beaucoup". Je ne suis pas sûr qu'ils aient saisi la raison de notre hilarité suite à ce bel exemple de pragmatisme. Ah, les vazahas, et leur manie de tout compter !
Nous évoluons ensuite sur les sommets des tsingys, sous une chaleur torride qui ne nous empêche pas de mitrailler les pachypodiums, petits arbres gris qui font penser à une famille Barbapapa pétrifiée...dont la silhouette ronde est d'autant plus étrange dans l'univers sec et pointu des tsingys. Nous apercevons de nouveaux sifakas, mais également -ô surprise- un petit lémurien nocturne surpris dans son sommeil qui nous observe ahuri depuis son trou en haut d'un tronc d'arbre. Pas farouche, l'animal ! Surpris, surtout.
Nous prenons le frais dans notre troisième et dernière cathédrale de roche de la journée, avant le démarrage de ce qu'on pourrait appeler le 'festival des lémuriens' : marrons, puis blancs, puis blancs, puis marrons... nous atteignons bien la trentaine !!! On en oublierait presque la fatigue qui se fait pourtant sentir. Cela fait déjà plus de 7h que nous crapahutons et nous nous rapprochons de la phase peut-être la plus physique du parcours : les deux belvédères qui -une fois en haut- offrent une vue magnifique sur les tsingys, mais nécessitent moult efforts pour s'y hisser, dans un environnement hostile et pointu où heureusement des marches ont été creusées et des échelles posées lorsque nécessaire. D'ailleurs claire y perd son filtre polarisant (claire adore marquer son territoire en laissant de-ci de-là quelques menus objets) et la courroie d'appareil-photo de franck n'y résiste pas.
Nous admirons la lumière de fin d'après-midi sur les tsingys, écoutons le cri des perroquets noirs qui survolent la forêt, finissons nos pellicules sur un dernier sifaka, puis redescendons, rangeons nos gants (un joli éventail de gants : des gants de jardinier à ceux de varape en passant par ceux de magicien ou de vaisselle !) et rentrons. Un bon rafraîchissement (mérité), une bonne douche (nécessaire), un peu de détente et nous passons à table. Au menu : poules (les deux qui accompagnaient nos canards...) et pâtes. Alors que nous attendons le dessert, nous avons la surprise de voir arriver... de nouveaux plats de pâtes !!! A la tomate, cette fois. Des beignets de banane concluent un repas pour le moins copieux... Il nous faut bien un petit rhum arrangé en digestif, que nous prenons en compagnie d'une membre helvétique de l'autre groupe, qui nous raconte ses malheurs : réacteur en feu et perte de ses bagages en arrivant, tente cassée au campement... Heureusement, elle prend cela avec philosophie : mieux vaut en rire ! A ce niveau là, c'est du comique d'accumulation. J9 - Vendredi 17 août : Retour à la terre ferme, très ferme...
Une petite séance photos au lever du soleil, un petit déjeuner où nous attendent les traditionnels cake, lait concentré, café cramé et pain grillé (ça commence à lasser, il va être temps de changer de régime !), nous embarquons à bord de pirogues locales : deux fines coques de bois reliées par deux, dans un style très "catamaran", avec un piroguier muni d'une longue tige de bois, style "Venise". Cette fois, on ne rame pas.
Nos deux "catamarogues" remontent lentement la rivière, puis nous débarquent dans une première grotte où nous admirons -à la lueur de nos lampes frontales- de fort belles stalagtites, ainsi que quelques papillons marrons munis d'un "oeil" sur chaque aile. Puis nous repartons vers une seconde grotte, où il faut un petit effort supplémentaire pour voir d'autres stalagmites, stalagtites et autres papillons. Pas mal, mais sans plus.
Un petit (re)tour au guichet d'entrée des Tsingys, histoire d'acheter un t-shirt ou une casquette, ou encore pour laisser une trace sur le livre d'or du parc. On y remarque d'une part la variété des origines de ses visiteurs : France et Madagascar, bien sûr, mais aussi Suisse, Angleterre, Australie, Afrique du Sud... mais également la relative faible fréquentation. Il est vrai que le parc n'est accessible que par des heures de piste difficile, ou -commme nous l'avons fait- par 3 jours de rivière ! Petite chose amusante : une dizaine de jours auparavant, le Ministre malgache des Travaux Publics est venu visiter le parc avec sa fille et a laissé un petit commentaire félicitant les gestionnaires du parc pour sa qualité et sa propreté, en indiquant qu'il allait essayer de faire quelque chose pour en faciliter l'accès, le voyage ayant été plutôt pénible ! Après un déjeuner rapide composé d'une salade et d'ananas frais (que Ciro et christophe ont fini goulûment, oubliant au passage d'en laisser pour Tsiry !!!), nous faisons nos adieux aux piroguiers, qui nous gratifient d'un chant d'adieu fort sympathique. Et c'est l'embarquement dans un gros camion jaune pour quelques heures de piste "difficile", aux dires unanimes de de Tsiry et de nos guides de voyage. Le chauffeur, Tahina, n'est autre que le fils de Bruno. Il a l'air très jeune, mais bon... gageons qu'ici, la conduite relève plus du jeu vidéo que d'autre chose, alors pas d'inquiétude.
C'est donc à une vitesse fulgurante oscillant entre 10 et 30 km/h que nous progressons sur la succession de trous et de bosses qui constitue l'unique voie d'accès à Bekopaka depuis le sud. La taille de notre camion provoque un élaguage de certains arbres aux branches trop avancées sur le chemin. Nous faisons une première pose pour prendre des photos de la brousse et de ses termitières, puis profitons d'un passage de ruisseau pour prendre quelques photos des gens qui y lavent leur linge. La sortie du paquet de bonbons remporte un vif succès auprès des enfants !
L'arrêt suivant constitue le premier contact avec les fameux baobabs : c'est magnifique ! claire ramasse un fruit de baobab en souvenir, qu'elle remplit de terre rouge. On dit que la terre malgache qui est emmenée hors de l'île doit toujours y revenir. C'est pour cela que traditionnellement, les malgaches qui partent en voyage hors de leur île emmènent avec eux un peu de terre, pour être sûrs d'y revenir ! Nous quittons cette première allée de baobabs avec de jolies images plein la tête (et plein la pellicule), en sachant que demain, nous en verrons une encore plus magnifique à Morondava !
Nous croisons en chemin quelques taxis-brousse chargés à bloc (comme il se doit !), mais également une bonne douzaine de 4x4 : il y a visiblement d'autres personnes intéressées par les tsingys. On se demande comment ils vont tenir dans le petit espace de Bekopaka !!! Ok, il y a quelques autres sites d'hébergement à côté des tsingys... mais là, c'est la foule (toutes proportions gardées) ! Tahina s'arrête de temps à autre pour échanger avec ses collègues chauffeurs, ce qui déclenche des hauts cris de Tsiry (on est un peu en retard sur l'horaire)... et nous apprend un mot malgache supplémentaire : "ALEVA !" (qui veut visiblement dire quelque chose comme "Allez, on y va !"). Le jour a complètement disparu lorsque nous arrivons à Belo sur Tsiribihina, vers 19h30. Nous emménageons pour la nuit dans un hôtel aux allures mexicaines ! On se croirait ennplen western... Nous découvrons aussi les geckos, petits lézards aux yeux proéminents qui se baladent par dizaines sur murs et plafonds, autour des lampes, à la recherche de quelque moustique à grignoter. Sympathiques animaux !
Les chambres sont d'un kitch redoutable ! Le style est très "western"... Quant à la douche, je laisse Claire la tester en premier : ce qui me permet d'y aller en sachant d'une part qu'il n'y a pas d'eau chaude, d'autre part que pour avoir de l'eau, il faut boucher un trou avec la main, l'autre main étant utilisée pour tenir le dispositif si l'on ne veut pas se le prendre sur la tête. Autant dire que la toilette est rapide et que nous avons tôt fait de nous retrouver au bar, dans une bonne boisson fraîche. Pour digérer tout ça, un peu de sport ne fait pas de mal... Un vieux babyfoot nous donne l'occasion de consommer quelques calories, ainsi qu'un autre jeu bizarre, encore plus vieux et décrépi. Le jeu fait ainsi rage jusqu'à ce que nous comprenions -une fois encore- que les tenanciers nous attendent pour se coucher. Il faut dire qu'il est presque onze heures !!! Une bonne soirée, en tous cas. [ Sommaire ] [ Page précédente ] [ Page suivante ] |