EQUATEUR 2000 : Des Andes à l'Amazonie

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Lunes, 7 de Agosto : Des Andes à l'Amazonie

Le 4x4 nous amène au petit village voisin, où nous attrapons le 6h15 pour Baños, qui fonce à travers villages et montagnes, traversant au apssage l'aglommération d'Ambato, qui a l'air assez désargentée et plutôt sale. De toute façon, on ne s'y arrête pas.

Baños : une étrange ambiance de fin du monde

Le paysage change en arrivant vers Baños : malgré le plafond de nuages particulièrement bas, les parois abruptes font apparaître de la roche volcanique, dont les fameux "orgues de basalt", formations rectangulaires caractéristiques. Par ailleurs, les éruptions du Tunguraha ayant provoqué quelques glissements de terrain, quelques segments de route sont en travaux et le bus passe par des portions de piste ! De nombreux panneaux "Volcanic area" et autres signalent le danger permanent qui règne sur cette zone.

Il règne à Baños une étrange atmosphère. Est-ce le fait de savoir que la ville peut être détruite à tout moment par le volcan ? En effet, plusieurs éruptions ont déjà eu lieu, et on sait que le "Big One" reste à venir, et que cette fois, il ne restera probablement plus rien de la ville. Mais cette éruption peut survenir demain comme dans 100 ans...alors certains sont revenus après l'alerte rouge qui avait entrainé l'évacuation de la ville au début de l'année. Les gens apprennent à vivre avec le risque...et beaucoup ont payé très cher leurs terrains (Baños était le lieu où le terrains étaient les plus chers, avant le réveil du Tunguhara) et ne peuvent se résoudre à ainsi tout abandonner.

D'autres facteurs rajoutent à l'ambiance un peu étrange : la végétation qui commence à devenir tropicale, mais aussi le fait que Baños était jusqu'à présent un lieu de villégiature réputé, ainsi qu'un point de départ pour les incursions en Amazonie. Nous déjeunons dans un café au look mi-routard, mi-ethnique, avant d'enfourcher nos montures (des VTT pas exactement neufs, mais bon, ça ira) et de nous élancer vers l'Oriente (c'est le nom donné à l'Amazonie équatorienne), sous une pluie battante (comme souvent à Baños, parait-il. Faudrait peut-être penser à l'appeler "Douches" et non "Bains" !).

Mais non, on n'est pas trempés et couverts de boue... Le seul panneau publicitaire sur 60 km
nous vante les mérites d'un papier toilette.
Il doit y avoir un sens caché...mais lequel ?

La route asphaltée compte autant de nids de poules que de tâches sur la peau d'un jaguar (ouais, bon, on fait les métaphores qu'on peut !) et se change parfois en piste. C'est bon, au bout de 10mn, on est totalement recouverts de boue...mais c'était prévu, donc pas de problème. D'autant que le décor est vraiment très chouette : la vallée encaissée du Pastaza est de plus en plus verdoyante (pas étonnant avec ce qu'il tombe !), la végétation se fait plus présente (fougères arborescentes, palmiers, plantes aux feuilles géantes), de jolies petites cascades tombant à même la route...

Première étape : le "paijon del diablo", chute d'eau impressionnante de force et de violence que nous atteignons en un petit quart d'heure de descente vers le fond des gorges. Quelques photos sur le pont suspendu, et on remonte. Un peu d'eau (pas sur la tête, mais en bouteille, cette fois !) et c'est reparti.
Second arrêt : le déjeuner. Le soleil choisit ce moment pour faire son apparition. Nous déjeunons en observant de jolis papillons colorés, ainsi qu'un phasme de taille remarquable (insecte à l'apparence de brindille, pratique comme camouflage !).

Après la pluie, le beau temps. Pile poil pour profiter du paysage !

Le temps devient idéal pour le VTT...ou pour prendre des photos confortablement installé dans la camionnette, ce que je fais arrivé aux 2/3 du chemin (40 km, après tout, c'est déjà pas mal !). Et puis on profite mieux du paysage (je sais, c'est léger comme excuse, mais bon). Point d'orgue du parcours : une grande descente où l'on aperçoit le manteau vert de la forêt qui s'étend à l'infini. Magnifique.

Dernier arrêt : une distillerie artisanale de canne à sucre. Des enfants de 14/15 ans nous font visiter l'endroit, et goûter les produits finis (le "puro", ainsi qu'une version allégée et parfumée, dont nous achetons plusieurs bouteilles au prix mirifique de... $1 !). Nous arrivons enfin à Puyo et prenons nos quartiers à l'hôtel "Arhucano", qui semble tout droit sorti d'un album de Lucky Luke et fait très hôtel de passe, avec ses chambres avec vitrine sur le couloir !!!

Une douche chaude, quelques emplettes dans cette ville qui constitue la "porte" de l'Oriente, point d'attache de nombreux tour opérateurs, quelques photos...puis c'est le moment du dîner. Dons nous sustantons d'excellentes...pizzas, préparées par un...suédois ! Excellent, mais copieux : entre ça et le VTT, il ne faut pas plus de quelques secondes pour que tout le monde s'endorme du sommeil du juste.

Martes, 8 de Agosto : Misahualli

Crrrr...Naaaaaathaliiie !... Crrr...
Après un déjeuner petit composé d'une salade de fruits frais et d'un excellent jus de babaco, nous partons visiter le parc d'OMAERE (mot Huarani pour "forêt"). Nous découvrons la végétation et le mode de vie des cinq ethnies principales de la région, à travers des maisons-modèles. Intéresssant, même si le guide est un stagiaire peu prolixe. Un perroquet multicolore nous suit dans le parcours, agrippé au bras de Nathalie.

Nous mangeons rapidement à la gare routière un "pollo con arroz" accompagné de Coca...ou de dérivés locaux au goût...ou plutôt, à l'arôme de pomme et de fraise (plus chimique, c'est interdit par la convention de Genève) avant de s'engouffrer dans le bus pour Tena. Trois heures de piste en forêt avant de changer de bus à Tena pour Misahualli et de nous faire déposer devant la "Maison d'hôtes France-Amazonie", une petit paradis constitué de plusieurs bungalows autour d'un jardin tropical où se trouve un bar tout droit sorti de "James Bond aux Caraïbes". Les propriétaires français nous réservent un excellent accueil.

C'est pas tout ça, mais on nous a parlé d'une plage, alors on va voir. La "plage" est à l'extrémité de la (petite) ville de Misahualli (appelée aussi "Puerto Napo", du fait que c'est un port situé sur le Rio Napo, affluent de l'Amazone), à l'endroit où le Rio Misahualli se jette dans le Napo. L'eau est plutôt bonne, mais le courant est carrément fort, ce qui dissuade les plus courageux de s'aventurer trop loin, de peur de se retrouver au Brésil ! De plus, des insectes de tailles diverses semblent avoir interprêté notre arrivée comme le signal du dîner (beaucoup de petites mouches noires, et quelques gros machins verts à l'aspect inquiétant). Nous battons donc en retraite, sous les cris des petits singes qui virevoltent dans les arbres au-dessus.

La salle à manger de Tarzan

L'heure de la douche est arrivée (froide, bien entendu, la tentative simultanée de l'ensemble des chambres ayant eu raison du fusible concerné). Aujourd'hui, c'est la Saint-Dominique ! Nous avons donc droit à une tournée de l'intéressé. Ca tombe bien, la sangria maison est excellentissime. Le repas qui s'ensuit est très bon également (notamment le guacamole mixte avocat/tomate), même si le fromage local n'a rien du camembert cher à nos papilles françaises. Une infusion à la citronelle, un petit tarot et au lit.

Miercoles, 9 de Agosto : Massacre chez les fourmis

Et encore des calories  le p'tit dej est gargantuesque ! Il y a même du fromage de chèvre (très bon, cette fois). C'est que nous nous enfonçons aujourd'hui dans l'Amazonie. Eduardo sera notre guide local : il nous installe dans la grande pirogue à moteur qui descend le Napo et remonte l'Aruhano jusqu'au site du camp : plusieurs huttes perchées sur pilotis, qui ont un petit air de "Club Med", séparées de buissons de fleurs de paradis rouges et jaunes où se baladent des colibris (ces petits oiseaux-mouches aux becs longs qui battent des ailes près de 90 fois par minute).

Nous partons aussitôt pour une première balade en forêt. Eduardo nous distribue des bottes et nous fait traverser la rivière (en pirogue, je précise) et nous partons à la découverte tout d'abord de la "forêt secondaire" (où l'homme a déjà planté des arbres ou développé des cultures) : nous y goûtons le fruit frais du cacaotier (qui a le goût de tout sauf du chocolat !). Je profite du passage d'un cours d'eau pour en prélever un échantillon (1 ou 2 litres) avec ma botte gauche. J'écope et on repart. Nous montons un peu et pénétrons dans une zone de forêt primaire (là où la main de l'homme n'a jamais mis le pied...ou en tout cas, là où ça reste à peu près comme c'était avant).
 
A travers lianes, fougères et flaques de boues, nous découvrons çà et là arbre à latex, acajou, arbre à canelle (Tierra...Canela...euh, pardon), palmier "Bob Marley" (appelé ainsi pour sa natte style rasta), arbre à pain, arbre-échelle, arbre à poils (urticants, of course), fourmis transportant des feuilles (pour faire du compost afin de produire...des champignons ! Eh oui, les fourmis font de l'agriculture) ou d'autres insectes, fourmis guerrières (avec les grosses fourmis soldats à tête blanche, qui mordent tellement bien qu'elle furent longtemps utilisées...pour faire des points de suture !!! Mais tête blanche ou pas, leur nombre est tellement impressionnant que nous somme obligés de faire quelques dégats dans leurs colonnes pour passer. C'est massacre à fourmi-city. Pauvres p'tites bêtes !
Deux pellicules et 2h et demi plus tard, nous regagnons la pirogue pour un déjeuner où l'on nous sert des bananes en rondelles frites et salées : quasiment comme des pommes sautées ! L'ananas du dessert est divin également.

Maintenant que nous sommes à l'abri, la pluie peut commencer à tomber. Ce qu'elle fait d'ailleurs, tant et si bien qu'il ne nous reste plus qu'à nous réfugier dans les hamacs et autres lits pour une bonne sieste en attendant que ça s'arrête. Trop dur, les vacances !

Nous profitons quand même d'une acalmie passagère pour nous essayer à la sarbacane. Elle est longue et peu maniable, mais Pascal met dans le mille (en l'occurence, dans le babaco) du premier coup. Chance du débutant ? En tous cas, les essais suivants seront moins fructueux. De toute façon, il re-pleut.

A la tombée de la nuit, Thierry nous raconte une anecdote amusante histoire de nous mettre en condition... Au cours d'un passage précédent, il avait jeté un oeil au plafond de la hutte-salle à manger par hasard, et avait vu quelque chose bouger. Le signalant aux autres convives, plusieurs lampes s'étaient alors braquées sur le plafond, découvrant un certain nombre de mygales qui étaient sorties se balader. D'après lui, le toit des huttes en est infesté. Sur ces bonnes paroles, tout le monde commence à scruter le plafond. Et ce ne sont pas les moucherons qui se brûlent sur les bougies et aterrissent dans ma soupe qui vont me mettre en appétit. Lorsque que vient l'heure de se coucher, un faisceau serré de lampes électriques balaie scrupuleusement le plafond au-dessus de chaque moustiquaire, ne se laissant aller que lentement dans les bras de Morphée. A peine tout le monde à eu près endormi, un cri dans la nui "Aaaarghh...au secours !" Re-festival de lampes torches. En fait, ce n'était que Christian qui avait tout bêtement fait un cauchemar. Bonjour l'émotion ! Pour clore la nuit, un véritable déluge s'est abattu sur le campement (ce qui est tout à fait normal ici, mais quand même impressionnant).

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