Page 1/3 - Samedi 18/dimanche 19/lundi 20 juillet : Atterissage en douceur [ Sommaire ] [ Page suivante ] Samedi 18 juillet Après un vol sans histoires (même si on ne psychote pas, on a toujours un tout petit peu en tête le drame du vol Rio-Paris), avec la TAP (compagnie nationale portugaise, donc avec escale à Lisbonne), qui fut l'occasion d'un gros dodo entrecoupés de visions sporadiques de "Marley et moi" et d'une comédie brésilienne "télénovelesque" qui ne marquera pas les esprits comme un chef d'oeuvre de finesse, nous atterrissons à 16h à Rio. Il fait 28°C et les formalités sont sommes toutes asssez rapides. Pas de parano à l'américaine ni de photo + empreintes digitales à la japonaise. Les gens ont l'air détendus, l'ambiance est calme, l'aéroport propre.Notre guide s'appelle Cécil (sans e ! Oui, c'est un homme) et c'est un architecte de formation. Le minibus nous emmène dans la ville alors que le soleil déploie ses derniers rayons : c'est magnifique ! Les collines escarpées se succèdent ainsi que des visions variées : favelas, grandes maisons aux facades colorées, très grands immeubles... Nous arrivons au quartier de Copacabana, où se trouve notre hôtel (et la plupart des hôtels de la ville). Nous nous installons au "Othon Savoy" sur l'avenue NS, à une rue du front de mer. Nous allons prendre un premier verre en bord de plage avec mes camarades de chambre, Alex et Cédric. L'occasion de voir trois ou quatre vendeurs de camelotes, un mendiant... vous avez dit endroit à touristes ? Le dîner est dans un autre hôtel de la même chaîne : le Rio Othon... et on y sert autre chose que du riz au thon ! (désolé, c'était trop facile) En fait, c'est carrément une cuisine raffinée et copieuse qui nous attend pour notre premier repas "do brasil". Crème de manioc, millefeuille de betterave, viande délicieuse service avec manioc et crumble de bananes, bricks de bananes au coulis de maracuja... Le seul souci est... qu'il y en a trop ! Sinon, nous avons vue sur la ville et la plage, le service est à la mesure de la French touch du restaurant (le chef est français) et les serveurs ont tous un béret !!! Et ça semble marcher : le resto est quasiment plein et nombreuses sont les femmes en robes de soirée. On se sent presque gênés de débarquer avec nos tenues touristes/trek. Ca ne nous coupe pas l'appétit pour autant !!!
Il est 21h30 (2h30 à notre horloge biologique) et le sommeil vient rapidement, malgré le brouhaha incessant venant de la rue (même depuis le 19ème étage). Dimanche 19 juillet Lever 8h (ça fait une jolie nuit !) et petit déjeuner copieux de fromage, charcuterie, petits pains, délicieux fruits frais : ananas, melon d'eau, bananes goûtues saupoudrées de cannelle (excellente idée). La journée est chargée : il faut prendre des forces !Le ciel est menaçant mais le soleil perce par moments. Sur la route, Cécil nous donne de nombreuses explications : le nom "Brésil" vient du "bois couleur de braise" qui fut la première ressource à être exportée du pays au 16ème siècle (avant qu'on découvre les matières premières et les pierres précieuses...), une colonie de français a débarqué sur le site de Rio en 1555 (des huguenots qui fuyaient la répression catholique), qui fut finalement chassée par les portugais, la présence 12 années durant de la cour du Portugal expatriée alors que Napoléon occupait son pays. C'est d'ailleurs cette période qui a permis de doter le Brésil de ses premières infrastructures modernes et a lancé le développement du pays, qui sinon serait peut-être resté plus longtemps une simple source de matières premières. Notre visite commence par le Corcovado et sa mythique statue du "Cristo redendor" (Christ rédempteur), achevé en 1931 par Paul Landowski, un sculpteur français, dans le plus pur style Art Déco. La statue est impressionnante (38 m de haut quand même...), la vue également. Du pain de sucre au fameux stade de foot "Maracana", en passant par les plages de Copacabana et Ipanema.
Il fait frais là-haut : la statue est à 710 m de hauteur, sur le sommet d'une colline à laquelle on accède en traversant la forêt de Tijuca, grand morceau de forêt atlantique primaire où les impatiences égayent la route de leurs couleurs vives rouges et rosées. Notons que Rio est une ville très verte ! Sans ses nombreux pans de forêt laissés intacts au fil des siècles, on pense que la température de la ville serait plus élevée de plusieurs degrés en été. Les navettes qui permettent de faire les derniers mètres jusqu'au sommet partent d'un lieu où de nombreux petits singes se baladent sur les toits et les arbres. Très mignons !!!
Après un arrêt à un autre point de vue qui permet de voir le Corcovado avec un peu plus de recul, nous redescendons vers la ville, plus précisément le quartier de Santa Teresa, où nous visitons une ruine de maison réhabilitée, d'où une autre vue magnifique sur la ville nous attend... ainsi qu'une colonie de petits singes capucins, peureux mais curieux. Quelques photos et on repart. Trop des stars, ces singes !!!
Après un peu de marche à pied dans ce magnifique quartier, sillonné par les bondheiros, vieux tramways dont le nom vient non pas du fait qu'il soient bondés, mais des "bonds" de voyage nécessaires lors de leur mise en service (ils ont été construits par une société anglaise), nous allons déjeuner chez MIMEIRO, où nous attend une feijoada, plat brésilien typique pour le week-end. Viande de porc, chou coupé finement, haricots noirs, riz... Le tout arrosé de soda au guarana (le guarana Antarctica est aussi courant que le coca là-bas...).
Nous essayons ensuite de prendre le tram, mais il est bien trop plein, alors nous poursuivons à pied dans ces jolies rues pleines de charme qui rappellent énormément Lisbonne. Le minibus nous dépose à la base d'un escalier dans le quarier de Lapa, qui ressemble à un quartier mal famé rempli d'hôtels où l'on loue les chambres à l'heure. Cet escalier, qui conduit à une église, a la particularité d'être entièrement décoré de céramique par un artiste nommé Selaron, qui fait ses propres carreaux de céramique et utilise ceux qu'on lui envoie de partout dans le monde... L'occasion de nombreuses photos et d'un passage dans l'atelier du maître, qui a des faux airs de Salvador Dali des bas-fonds.
Il est temps maintenant d'aller voir l'autre sommet de Rio : le pao de açucar (pain de sucre). Pour ce faire, le minibus nous emmène à la base d'un téléphérique qui nous conduit au sommet d'un premier pic, où nous avons déjà une très jolie vue (et une superbe statue de Bob l'Eponge, dans une posture proche du Cristo Redendor...). Passé le deuxième téléphérique, la vue est magnifique, surtout avec les effets de lumière des nuages (oui, il faut positiver...).
S'ensuit une longue discussion d'un côté avec Cécil, qui explique l'évolution politique du Brésil au cours des dernières décennies, les problèmes de corruption, le vote obligatoire... Et de l'autre, côté filles, se construit le premier draft du film du siècle, dont les héros malfaisants seront de petits singes capucins au regard sadique et qui s'attaquent à un malheureux groupe de touristes français en vacances au Brésil...
L'après-midi se termine par une balade en bord de plage : après un passage prolongé à la boutique Havainas (les tongs top tendance), nous sortons de Copacabana, décidément trop has been, pour aller voir la plage d'Ipanema, nouveau paradis des gens branchés. Mais au vu du vent qui souffle, pas plus de gens branchés que de soleil, que de gens du tout... Nous rebroussons chemins et nous décidons à aller boire une caïpirinha en bord de plage à Copacabana. Excellent choix : notre première caïpirinha est excellente ! Les citrons verts sont bien meilleurs qu'en France (quelle conspiration rend donc les citrons verts français si acides ???) et l'équilibre sucre / cachaça est parfait. Pour vérifier, nous en reprenons une deuxième, en prenant garde à ne pas être tentés par une troisième, qui est reconnue par la docte assemblée comme le "seuil fatal". Surtout avant de manger.
Nous sommes sollicités par moult vendeurs et artistes des rues. Sophie se laisse attendrir par un coucher de soleil-minute dessiné au doigt sur un carreau de céramique. Après avoir donné 2 Reals, prise de remords, elle court après l'artiste pour lui en donner 2 de plus. Certainement la première fois que ça lui arrive !!! La côte du carreau de céramique est en hausse... Notre dîner est l'occasion de découvrir un concept très brésilien : le restaurant au kilo. Le principe est le suivant : on se sert comme on veut dans les plats salés et on pèse le contenu, facturé au kilo. En l'occurence, Cécil nous propose plutôt la formule illimitée qui permet de se resservir, grâce à un petit bracelet offert à l'entrée. Viandes, pâtes légumes... Les saveurs ne manquent pas et on mange plutôt bien. Au point qu'on ne se lâche même pas sur les desserts : crème caramel, gelées de fruits, gâteau à la confiture de lait, tarte au citron, gâteau au chocolat... Bien tentant, mais nous ne faisons que des échantillonnages, juste pour goûter... Et c'est encore très tôt (avant 21h) que nous nous couchons. Tiens, va-t-on vers des vacances qui reposent ? Lundi 20 juillet Ce matin, visite des favelas sous la pluie, en compagnie de Marcelo Armstrong, créateur d'une association qui a pour but de faire découvrir les favelas aux touristes et d'aider à l'éducation des enfants des favellas.Les favelas (dont le nom provient des plantes Favela présentes sur les collines au moment de la création des premières favelas) rassemblent plus de 20% des habitants de Rio (il y a entre 700 et 1000 favelas). la favela de la Rocinha est l'une des plus grandes et des plus connues et compte entre 60 et 300 000 habitants (!!), selon les sources. Selon Marcelo, les favelas constituent des lieux très sûrs car il n'y a ni vols ni agressions, qui dérangeraient le trafic de drogue. Les trafiquants veillent à maintenir ce calme. Les seules violences y sont liées aux rivalités entre gangs et aux luttes avec la police. Il nous conte l'histoire des trois banques présentes dans la Rocinha, jamais attaquées, sauf une fois par deux policiers qui pensaient la dévaliser facilement car non protégée par la police... Mais ils ont été arrêtés... par les trafiquants ! Il vante le travail social des trafiquants qui favorisent le développement de leurs quartiers et aident à la construction des infrastructures nécessaires, là où l'Etat ne fait rien. Un discours engagé... Peut-être un peu trop ! Le monde manichéen des gentils-trafiquants-contre-les-méchants-policiers n'est pas franchement crédible à mon goût. Les trafiquants de drogue restent des trafiquants de drogue et qu'on essaie de les faire passer pour des bienfaiteurs de l'humanité me hérisse un peu le poil... Surtout avec une couche de discours marketing "ils ne vendent que du haschich et de la cocaïne, mais ils ne vendent pas de crack, car ce serait détruire leur clientèle". De fins stratèges !!! Néanmoins, les favelas sont clairement des quartiers qui ont été complètement laissés pour compte par l'Etat... Donc dans l'histoire, personne n'est tout noir ni tout blanc (surtout dans un pays de métissage comme le Brésil !). D'autant que les gangs ont vu le jour le jour où le gouvernement brésilien a mis en prison ses opposants politiques, qui ont cohabité avec des gangsters et les ont éduqués... permettant ainsi la création des premières mafias brésiliennes organisées (le "commando vermeil", les "amigos dos amigos"...) !!! Quand l'Etat fait des âneries, c'est tout le pays qui paie le prix. Comme partout.
La balade est intéressante : vues magnifiques sur la favela et sur Rio, balade dans les rues (seule consigne : ne pas prendre de photos des gens de près, ni du marché central, centre du trafic). Malgré un discours politique qui ne me parle pas, les connaissances de Marcello sont importantes et il nous en fait largement profiter. Ainsi, nous apprennons que les "écoles" de Samba sont en fait les "équipes" liées à chacune des favelas, qui ont pris le nom d'écoles afin de ne pas se faire interdire par le gouvernement. La Mairie de Rio a aussi lancé un projet d'amélioration des favelas de 550 millions de $ US. Et aujourd'hui, les médecins, les restaurants, les magasins de marques commencent à faire leur entrée dans les favelas : car ce sont des marchés !!! L'argent n'a pas d'ôdeur. Après la Rocinha, nous visitons une autre favela, Vila Canoas, où nous visitons un centre éducatif aidé entre autres par l'association de Marcelo, avant de partir en balade dans les petites ruelles étroites où nous tombons sur moult scènes de la vie quotidienne, mais également sur un petit café-épicerie.
Les favelas sont en fait plus des quartiers pauvres que des bidonvilles. Tout est construit en dur, avec le tout à l'égoût, le ramassage des ordures, des lignes de bus qui les traversent... et les gens sont devenus propriétaires de leur maison, car les terrains appartenaient à l'Etat et toute personne occupant un terrain de l'Etat que ce dernier ne réclame pas pendant cinq ans en devient automatiquement propriétaire selon la loi brésilienne. Les favelas se "normalisent" ainsi et passent du statut de lieux de tous les dangers à celui de quartiers pauvres... voire mieux : de nombreuses pousadas (auberges/petits hôtels) y ouvrent leurs portes... et bientôt des hôtels de luxe ! Il faut dire qu'en hauteur, la vue est imprenable... Ce midi, déjeuner au restaurant au kilo. Les portions vont de 300 à 660 g par personne. Raisonnables, les touristes !!! Nous poursuivons dans la foulée notre découverte de Rio, toujours sous la pluie, en montant à la Cathédrale baroque de Sao Bento, richement décorée, où les multiples feuilles d'or étaient collées au plâtre encore frais avec de l'huile de baleine ! Au retour, nous passons par le sambodrome : le lieu du Carnaval de Rio. Il est désert... et nous le voyons sous une pluie battante ! Pas vraiment les, images que l'on a en tête !!!
Ensuite, nous descendons visiter l'immense Catedral Metropolitana à l'esthétique extérieure discutable (on dirait un peu une pyramide maya mal dégrossie et pas encore peinte), mais à l'ambiance assez réussie à l'intérieure, grâce à ses gigantesques vitraux.
Nous essayons à nouveau de prendre le tram pour faire un tour de la ville, mais l'heure et demi d'attente annoncée nous décourage et c'est à pied que nous partons en balade dans le centre ville. Au détour du Théâtre municipal de Rio (qui ressemble énormément à l'Opéra Garnier), nous serrons la main à Barack Obama et ses gardes du corps... enfin, son sosie. Nous passons le bâtiment du congrès puis poursuivons au milieu de très beaux bâtiments Art Nouveau. Plusieurs bâtiments superbes !
Cécil nous propose de prendre un verre dans la Confeitaria Colombo : une institution, où nous dégustons capuccinos ou boissons fraîches et goûtons le succulent Toucinho do Ceu (La grâce / le gras du Ciel => il y a un jeu de mot difficile à traduire), sorte de petite tartelette aux amandes, divinement bonne...
De retour à l'hôtel, nous repartons pour une caïpirinha en bord de plage : ça deviendrait presque un rituel ! Mais nous quittons Rio demain... Tant mieux, car elle est moins bonne que la veille. Ce soir, Cécil nous emmène dîner dans une churrasceria (restaurant de viande). Le principe ? Viande (et accompagnements) à volonté. Des serveurs passent avec des morceaux de viande sur des sortes de grosses brochettes et découpent le morceau de votre choix, que vous saisissez à l'aide d'une pince et amenez jusqu'à votre assiette. La viande est excellente (le Sud du Brésil est -tout comme l'Argentine- un grand producteur de viande), sauf peut-être les coeurs de poulet qui ne remportent pas tous les suffrages. Picanhia (filet mignon), picanhia noble, côte de boeuf, viande marinée, carne del sol (viande séchée au soleil), viande au fromage, saucisse, il y en a pour tous les goûts !
C'est rassasiés que nous allons nous coucher, toujours avant 22h, après un passage à la pharmacie pour prendre de quoi digérer... [ Sommaire ] [ Page suivante ] |