Semaine IV : Sous les néons des tropiques (Taiwan)

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Mardi 10 novembre

Lever six heures trente. Il faut bien bouger un jour ! Un dernier café avec John et Cathy à l'aéroport : toujours triste de quitter Sydney… Mais me voilà bientôt plongé dans un monde beaucoup plus oriental : la quasi-totalité des passagers du vol Qantas pour Taipei parlent chinois, les messages de bord sont donnés en anglais et en chinois et les films sous-titrés avec des caractères dont je n'ai aucune idée du sens.

Après neuf heures de vol, j'atterris à Taipei où je reconnais mon nom sur un panneau : un chauffeur m'attend pour me conduire chez Vincent, et heureusement : outre le fait que je comprenne rien à la langue de Confusius, la plupart des taiwanais ne parlent pas anglais et j'apprendrai plus tard que l'adresse que j'ai n'est plus la bonne. De toute façon, même avec l'adresse, c'est carrément dur !

Le trafic est intense, mais le chauffeur zigzague silencieusement (il ne parle pas anglais) au milieu d'une kyrielles de néons, les plus présents étant ceux de…Michelin. Certaines marques françaises s'exportent bien !
Une heure de route plus tard, je retrouve Vincent : le temps de visiter son (grand) appart, de ma rafraîchir et nous sommes partis pour deux expériences inédites : l'une est la visite d'un marché de nuit, l'autre est le fait de…monter sur un scooter ! A vingt-huit ans, ma première expérience d'un deux-roues à moteur. Suffoquant sous mon casque et avec la poussière, je m'accroche comme je peux, pas trop rassuré au milieu de la circulation de Taipei, plutôt sportive et acrobatique. Mais le scooter est le moyen de locomotion le plus pratique ici, et nous arrivons rapidement au marché de nuit de Tunghua.

Les marchés de nuit sont…des marchés ayant lieu la nuit, de sept heures à minuit passé, où l'on trouve de tout : chaussures, gadgets, disques, bijoux, théières, animaux domestiques, et surtout un grand choix de stands où l'on peut acheter à prix réduit des plats parmi les plus variés : tofu, gelées diverses, poissons bizarres, pieuvre séchée, saucisses grillées, jus de fruits frais…

Notre choix se porte sur un " Teppanyaki ", où le cuistot fait frire la nourriture directement devant vous, à l'endroit même où vous la mangez (sur une plaque de cuisson qui entoure le cuisinier un peu à la manière d'un bar). Au menu, les deux viandes principales de Taiwan : porc et poulet, ainsi que quelques légumes frits. Très bon !

Quelques remarques : le DVD est très en vogue ici, tout comme les accessoires roses et enfantins de la marque " Hello Kitty ", les viseurs laser (avec le petit point rouge, et souvent une grande variété de motifs, obtenus par l'utilisation d'embouts vendus avec le laser), les t-shirts se vendent à manches longues uniquement, et les magasins les plus nombreux sont ceux…de chaussures!

Mercredi 11 novembre

Aujourd'hui, je visite. Un coup de taxi pour le nord de la ville, et me voici au " National Palace Museum ", à l'architecture magnifique et au contenu intéressant, quoique peu varié : des sceptres, des gravures en jade, des peintures, des céramiques. Une heure et demi me suffit à en faire un tour un peu rapide mais complet.

Etape suivante : le mémorial Chiang-Kaishek. De charmants petits jardins longent trois bâtiments imposants, donnant lieu à un certain nombre de photos intéressants. Vincent m'expliquera un peu plus tard que l'architecture chinoise est " prévue " pour cela en ce sens qu'elle est calculée pour apparaître de manière harmonieuse quel que soit l'angle de vision, ainsi que de permettre un nombre important de perspectives différentes. C'est pas ça qui va alléger mon budget-photo !

Il est midi. Commence alors ce qu'on pourrait appeler " la longue marche " dans les principaux quartiers animés du centre-ville, afin d'essayer de " sentir " un peu Taipei. En fait de sentir, j'ai surtout respiré la poussière ! A mon sens, les deux principaux défauts de la ville sont principalement le bruit et la présence d'un mélange de poussière et de pollution à faire pâlir les plus verts d'entre nous. Par contre, très peu de gens fument. Le fléau national ici est différent : la noix de bétel, hautement cancérigène, que certains mâchouillent à longueur de journée et recrachent, générant une petite flaque rouge que l'on retrouve régulièrement sur le sol irrégulier de la capitale.

L'appétit vient en marchant ! C'est l'occasion pour moi d'être confronté à un problème tout à fait nouveau : se nourrir dans un pays où l'on ne parle pas la langue. Il est clairement hors de question de céder et d'aller dans un quelconque Macdo, KFC ou Pizza-hut…mais je ne comprend rien aux menus, et les gens ne comprennent rien à ce que je demande. Je me résigne donc à aller dans une boulangerie où je choisis quelques gâteaux qui m'ont l'air bons, sans trop me tromper d'ailleurs. Tout en grignotant, je continue à errer au milieu des boutiques et des marchés, cela jusqu'en fin d'après-midi où je me décide à faire une pause en allant prendre le thé au dernier étage d'un grand magasin. Je comate devant mon thé à la rose et ma gaufrette, puis me réveille une bonne heure après, une fois la nuit tombée.

C'est l'heure de rejoindre Vincent à don bureau ! Pas une mince affaire : j'ai juste une croix sur un plan et un numéro de bâtiment. Après un usage intensif de passages souterrains qui semblent ne jamais finir et de recherches intensives, je trouve enfin les lieux.

Sam, ami et dentiste de Vincent, nous attend pour aller retrouver d'autres connaissances et partir à la découverte du magnifique temple de Lungshan, où une foule compacte vient prier et se recueillir. Mais les nourritures spirituelles ne suffisent pas : nous allons chercher quelque chose de plus substantiel dans " Snake Alley ", où nous assistons à un discours assez long qui précède la mise à mort et le découpage de plusieurs serpents, servis dans un potage aux herbes médicinales. Malgré un dégoût prononcé, je goûte une cuillère du breuvage : franchement, c'est pas terrible. Il paraît que c'est bon pour la peau. Je crois que je préfère encore manger un pot entier de crème Nivéa !

Un repas plus catholique (ou plutôt bouddhiste, ici) nous attend un peu plus loin, avant d'aller prendre un verre dans un pub servant visiblement de point de chute nocturne à de nombreux expatriés, puis assister à un numéro de Drag-queens dans une soirée gay ayant lieu dans la " Tai-Pei Discotheque ", lieu à la mode où nous finissons la soirée avant de rentrer nous reposer : demain, Vincent, Sam et moi partons pour la côte Est.

 

Samedi 7 novembre

Le départ pour Hualien a lieu depuis l'aéroport domestique, qui est en plein centre-ville. L'avion est tout petit, et le voyage dépasse à peine une demi-heure. Une fois sur place, nous louons une voiture et partons pour le Parc National de Taroko, non sans quelques arrêts préalables : le déjeuner, une fabrique de bibelots en marbre et en jade (où une escorte de cinq personnes nous suit partout au cas où l'on voudrait acheter quelque chose…), ainsi qu'un étalage sur le bord de la route vendant des Mah-Thi, friandises gélatineuses à la noix de coco, aux cacahouètes ou aux fruits, mais aussi à d'autres parfums moins habituels que je préfère éviter.

Le Parc National de Taroko est réputé pour les " Taroko Gorges ", le joyau de Taiwan. En effet, la vallée est profonde et le fleuve se faufile à travers des parois de marbre, jaillissant de temps en temps en chutes d'eau bleu azur qui forment un petit précipité bleu au bord d'une eau grise.

Plusieurs temples, statues et ponts suspendus jalonnent le parcours. Mais aussi de nombreux cars : le coin est touristique ! Taiwanais et japonais font leur possible pour essayer de prendre plus de photos que moi. Les pauvres, ils ne savent pas à qui ils ont à faire !
Mais la nuit tombe vite en ces contrées, et il nous faut trouver un gîte. Tienhsiang est une jolie petite ville perchée sur la montagne, dotée d'un joli temple et de nombreux hôtels.
Après un premier essai peu concluant dans un hôtel peuplé d'insectes et dénué d'eau chaude, nous trouvons mieux et plus proche pour deux fois moins cher. Alors nous profitons de l'économie réalisée pour nous offrir le restaurant du meilleur hôtel de la ville. Après un bon repas, nous assistons même à une représentation de danses aborigènes : les tarokos dansent pour nous. Marrant, quoique pas forcément très authentique…

 

Vendredi 13 novembre

C'est un soleil magnifique qui nous réveille, contrastant avec les nuages de la veille.

Nous petit-déjeunons de toasts, café et thé au lotus avant de prendre la route. Ca commence plutôt mal : à cause des travaux sur la route étroite des gorges- il nous faut patienter trois quarts d'heure : ils ne laissent passer le trafic qu'une fois par heure. Pratique !
Plages de sable noir et temples (en activité : c'est dimanche et de nombreux fidèles viennent accomplir leur devoir religieux) jalonnent le parcours, quelque peut ralenti par un phénomène imprévu : presque la moitié de la route est en travaux ! Nous roulons sur du gravier et des bosses, ce qui rend le voyage plus pittoresque, mais néanmoins moins confortable.

Parmi les attractions du voyage, le passage du tropique du cancer, marqué par un monument, une sculpture, quelques panneaux, etc. Un peu plus loin, un lieu réputé pour ses grottes, dont la principale a une forme étonnamment évocatrice. Autant dire que de dieux et déesses occupent ces lieux qui sentent plus l'encens que le moisi. Mais le prix du parking le plus rempli revient sans nul doute au pont à sept arches qui relie une petite île à sa grande sœur : de nombreux touristes font l'aller-retour, dans un cadre qui ne manque pas de charme ! D'autant que le soleil se couche.

Le soir, nous arrivons à Taitung où une chambre est réservée dans un hôtel quatre étoiles : vive le confort ! (Le lecteur attentif aura sans dout remarqué mon attrait particulier pour un hébergement confortable : ça ne me dérange pas de me couvrir de boue dans la journée si le soir je peux m'effondre sur un lit bien souple après une douche chaude).
L'attraction principale de la ville est constituée par la présence de sources thermales à Chihpen. Nous testons les principales : un bassin très chaud (quasi-impossible d'y rentrer, sauf pour des gens très zen comme mes compagnons de voyage), un chaud (j'y reste cinq minutes, pas plus) et un tiède (température baignoire).

 

Samedi 14 novembre

Après un petit déjeuner-buffet gargantuesque (un peu de nourriture occidentale, ça fait du bien, mine de rien !), une petite balade aux toutes proches (mais très jolies) White jade waterfalls, nous entamons le voyage de retour vers Hualien, en passant par l'intérieur, plus montagneux.

Champs de canne à sucre, palmiers à noix de betel, plantations de thé et de riz constituent notre paysage tout au long de la journée. Un arrêt-marché à midi pour acheter fruits, provisions et alcool local en guise de souvenir, un pique-nique dans une cour de récréation pleine de petits insectes gourmands, un dernier arrêt au bord d'un lac qu'on aurait pu situer en pleine Forêt Noire -où circulaient des bâteaux-cygnes d'un kitsch atrocement parfait, nous voilà repartis vers Taipei, passablement fatigués. Franchir deux fois le tropique en trois jours, c'est crevant !

 

Dimanche 15 novembre

Lever à dix heures : je force mes affaires dans mes sacs et nous sommes partis pour le petit déjeuner dans un des lieux à la mode de Taipei : Grandma Nitti's, où l'on nous sert un excellent petit déjeuner " à l'anglaise ", avec en prime un savoureux brownie et une délicieuse tarte aux pommes.

Une dernière visite : le Sun Yatsen Memorial (beaucoup moins beau que celui de Chang-Kai-Shek, pas étonnant !), autour duquel s'entrainent les roller-bladers, et à côté duquel se tient un meeting politique. Pour conquérir la mairie de Taipei, le candidat du Kuo-Ming-Tang (le parti au pouvoir) a mis les petits plats dans les grands. Loteries permettant de gagner de l'électro-ménager, casquettes multicolores, drapeaux, animations...

C'est sur cette notre colorée que je quitte Taipei. Après une escale à HongKong et son copieux Duty-Free, je m'endors juste après le "Truman Show" pour me réveiller non loin de Londres, où j'attends encore une bonne heure avant mon dernier saut de puce vers Paris.

Il faisait presque 30° à Taipei, la température extérieure est ici de 2°. Je suis rentré.

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Remarques et commentaires :