NAMIBIE 99 : vous reprendrez bien du désert ?

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Vendredi 6 août

A 7h50 précises, nous quittons avec regret Bloedkoppie pour prendre la route vers l'ouest, direction l'océan. Nous roulons toutes bâches relevées, ce qui rend le choc encore plus rude lorsqu'au bout de 20km, en franchissant une colline, la température perd environ dix degrés... On aperçoit au loin comme une mer de nuages, dans laquelle nous nous enfonçons bientôt. Le paysage désertique prend des allures fantômatiques. Nous nous arrêtons pour observer une "welwitschia mirabilis", plante rarissime qui vit des centaines et des centaines d'années, subsistant avec des quantités d'eau incroyablement réduites. Ses allures décrépies de plante carnivore désséchée vont très bien avec le décor sec et brumeux environnant.
Moon Landscape
Moon Landscape : déjà qu'on verra pas
l'éclipse, en plus on voit pas la lune...
Nous poussons jusqu'au "Moon landscape", mais la brume recouvre tout et nous devinons plus que nous ne voyons le paysage torturé et magnifique. Après tout, il vaut parfois mieux suggérer que montrer !

La vue d'un "Kentucky Fried Chicken" nous confirme notre retour à la civilisation. Swakopmund est une ville assez jolie, où la plupart des maisons semblent importées tout droit de bavière. Les bungalows du camping municipal sont des petits chalets aux toits bleus qui descendentjus qu'au sol, comme pour éviter les chutes de neige (mais après mûre réflexion, je pense que la raison doit être différente).

Aaaahhhh, une bonne douche chaude, un shampooing ! Après deux jours sans sanitaires, c'est un plaisir rare. Un petit tour en ville pour refaire le plein de cartes postales, poster celles qui sont prêtes et avaler un sandwich rapide dans un établissement qui ressemble aux "konditorei" autrichiens (les gâteaux sont d'ailleurs quasiment les mêmes), puis nous nous rendons au siège de "Pleasure flights", d'où nous partons pour une balade en avion.

Dans un petit Cessna dont le pilote essaira vainement de faire marcher le GPS pendant tout le vol, nous parton vers l'est, en suivant le lit de la rivière Tsumeb qui nous amène jusqu'à la limite entre le désert de dunes et le désert rocailleux.
Vue d'en haut, la rupture est nette : d'un côté un sol blanc et poussiéreux, de l'autre une mer de dunes satinée aux nuances allant du beige foncé à l'ocre. Entre les deux, le cours de la rivière Tsumeb, marqué par la présence de végétation qui subsiste grâce à la présence d'eau en sous-sol.

Je partage l'avion avec des italiens, ce qui a pour effet de bénéficier de commentaires du pilote dans un italien visiblement approximatif, que mon voisin me traduit en français, pour peu qu'il ait lui-même compris ce que lui a dit le pilote, ce qui n'est le cas qu'une fois sur deux. Il aurait tout fait en anglais, ça aurait été mieux pour tout le monde ! Bah, si ça peut lui faire plaisir.

Nous passons au-dessus de Sesriem, de son canyon (plus impressionnant d'en haut que de l'intérieur), avant de nous diriger vers Sossusvlei. Le paysage qui se déroule sous nos regards ébahis est d'une beauté et d'une majesté rare, mais aussi d'une douceur indescriptible : comme si nous volions au-dessus d'une gigantesque étoffe en soie aux plis délicats. Nous survolons Sossusvlei, puis Dead Vlei : on peut retracer parfaitement le trajet parcouru quelques jours avant. Une sacrée escalade, mine de rien...

Au fur et à mesure que nous nous rapprochons de l'ouest, la couleur du sable change, ainsi que les formes des dunes et les motifs que le vent y dessine. Les zones que nous survolons n'ont pas du voir un être humain depuis un sacré bout de temps (y en a-t-il jamais eu par ici ?). Si j'étais un martien qui voulais envahir la terre, j'installerais ma base dans le coin.

En nous rapprochant de l'océan, nous retouvons des signes d'une activité passée : de vieux bâtiments de mineurs abandonnées, et surtout des épaves de navires échoués, plusieurs dizaines de mètres à l'intérieur des terres... Par accumulation du sable, la terre gagne un peu de terrain chaque jour. La Namibie est un pays en expansion, dans tous les sens du terme !

Nous longeons la côte, survolant au passage de nombreuses colonies de phoques. Nous survolons quelques épaves, de nombreux mats et autres débris de bateaux, avant de longer les dunes à l'endroit où elles se jettent dans la mer, comme une muraille défiant l'océan. Le temps couvert ne nous permet malheureusement pas d'allervoir les flamands roses. Pas grave, après 2h1/2 de vol, ça ne fait pas de mal de retrouver le plancher des oryx. En tous cas, c'est une expérience qui en vaut la peine (et les 660 francs).

Après quelques courses (un cadeau pour l'anniversaire d'André, des provisions d'apéritif pour la semaine à venir), nous partons en quête d'un restaurant. Malheureusement, le restaurant typique où nous voulions aller n'a pas pris en compte notre réservation...et nous nous retrouvons dans un cadre plus commun, mais peut-être plus représentatif du quotidien des habitants de la ville. André command une première tournée de "Xuxu" (prononcer "zouzou"), liqueur de fraise très prisée ici. C'est très parfumé et ça se boit tout seul...d'autant que la quantité tient plus du dé à coudre que de la pinte. Trois tournées plus tard, nous attaquons le repas, qui est somme toute assez classique : viande, frites et sauce, bien réussies mais sans grande originalité. Pas de koudou au menu ! De même, le vin n'arrivait pas même au niveau de notre "Villageoise".

Décidés à poursuivre la soirée jusqu'au bout de la nuit, une grande partie du groupe se dirige vers un bar/discothèque, où le prix exorbitant de l'entrée (N$10, soit 10 francs) décide André à négocier : nous rentrons pour $5, ce qui est également le prix de la "Black label", "meilleure bière du monde" selon André. Pas mauais, il est vrai, mais n'éxagèrons rien. La boîte est fréquentée par une clientèle jeune de style grunge-branchouille, et la musique oscille entre disco, pop et rock indépendant (des Beatles à Offspring). On se croirait en Angleterre, ou plutôt en Australie ! Le seul noir est le type qui ramasse les verres sales...l'Appartheid a semble-t-il laissé des traces. Après avoir dépensé bon nombre de calories sur la piste, les derniers noctambules regagnent leurs bungalows vers 4h.

Samedi 7 août

C'est un peu vaseux que nous quittons Swakopmund, non sans avoir fait quelques emplettes en ville avant de partir ; ce qui donne lieu à un étrange ballet du camion qu'André déplace continuellement... Est-ce pour mieux faire visiter le coin à ceux qui sont restés dedans, ou pour éviter les PVs ? Visiblement, plutôt la deuxième solution. Quand je vous disais que ça ne ressemblait pas à l'Afrique !!!

Première étape : on fait le plein, croisant au passage un camion à remorque d'où sortent des gens accoutrés comme s'ils venaient du Pôle Sud. En fait, ils viennent simplement du Zimbabwe, mais vu l'aération (pas de vitres), il vaut mieux se couvrir. Enfin, il paraît que ça coûte moins cher comme ça. Encore heureux !

Otarie à oreilles
C'est marrant comme tout...
Autre étape : le Cap Cross. A notre arrivé, on croise deux petits chacals qui s'éloignent. On comprend très vite pourquoi ! L'atmosphère est irrespirable tant les milliers d'otaries (à oreilles, précisons-le) dégagent une puanteur des plus atroces. Nos sens sont submergés... (merci au passage à Catherine pour m'avoir sauvé en me passant des lingettes à me coller dans les narines, ce qui m'a permis d'aller prendre quelques photos de près)

Otarie à oreilles
...mais qu'est-ce que ça pue !
Mais les narines ne sont pas les seules concernées...il y en a aussi pour les oreilles. On se croirait au centre d'un gigantesque concours de rôts à la fin d'une soirée étudiante où le Pastis aurait été gratuit.

La tentation était forte de prendre le déjeuner sur place, mais nous avons finalement poussé un peu plus loin, donnat à André l'occasion de conduire sur la plage, voire dans l'eau ! Quel gamin...
Lunch face à l'Amérique du Sud (bon, ok, c'est loin, mais bon, faut bien rêver).

S'ensuit un coma généralisé dans le camion. Digestion ? Air de la mer ? Fatigue due à la soirée de la veille ? En tous cas, ça ronfle sévère. Pourtant, le décor change. La mer s'est changée en pierre et le sable en poussière. En fait, tout le monde commence à émerger lorsque le camion ne permet plus vraiment de dormir. La piste travers un univers de roches et de cailloux remarquablement...euh...rocailleux. Des collines de cailloux de chaque côté d'une piste de cailloux. Un paysage étrange, pas franchement accueillant, qui fait un peu penser à la surface de Mars (les plus perspicaces me diront que je n'y suis jamais allé, mais 1.eux non plus, 2.c'est pas grave, je l'imagine comme ça).

Ugab Camp
Ugab Camp : le bivouac le plus sympa !
Nous finissons par arriver à un petit camp qui nous plonge un peu plus (ou plutôt enfin) au coeur de l'Afrique. Une famille africaine (on n'a rencontré que des propriétaires blancs jusque là !), un magasin de souvenirs en bois (animaux qui existent ou non), statues marrantes faites de matériaux de récupération, douche à base de seaux à trous, avec table en pierre et petit miroir (on se croirait chez les "Flintstones").

Notre bivouac s'installe dans un emplacement délimit par une petite palissade, très "Village d'Astérix". Nos compgnons de la soirée : Kadhafi, le gros toutou qui bave et un petit phacochère qui nous suit partout et avec lequel André s'amuse bien, lui donnant diverses chose sà manger, dont un cookie avec du tabasco, chose qu'il a l'air d'apprécier !

Après un repas à nouveau excellent (ponctué par les grognements d'extase du phacochère qui passe la soirée à se faire gratter le dos sur les genous de Christophe), nous prenons tranquillement le désert lorsqu'un bruit attire notre attention. André nous compte : treize. Nous sommes au complet, donc c'est autre chose.
André prend sa lampe-torche et va voir, nous conseillant au passage d'être prêts à grimper dans l'arbre ou sur le camion. Evidemment, nous le suivons tous. La curiosité est plus forte que la peur ! (proverbe débile)

"Shit, ELEPHANT !", dit André, après avoir mis son rayon lumineux dans l'oeil du pachyderme qui était tranquillement venu boire l'eau du seau servant à la douche...d'où le bruit métallique du seau ! Nous regardons la masse grise s'éloigner tranquillement dans la nuit.

Dans l'espoir de le faire revenir, nous remplissons le seau et le plaçon bien en vue là où il était passé, puis grimpons sur le toit du camion.
Dur de ne pas faire de bruit ! Dans la nuit du désert, le moindre bruit de fermeture éclair, de matelas gonflable, de phacochère qui ronfle, nous paraît amplifié.

Trois quart d'heure plus tard, la fraîcheur, les moustiques et l'inconfort de la position ont pris le dessus sur l'observation de la voie lactée (magnifique ! je ne l'avais jamais vue aussi nettement) et il n'y aura plus personne lorsque notre l'éléphant reviendra boire. Tant pis pour lui, il sera pas sur la photo.

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